RECHERCHE :
Bienvenue sur le site de Michel VOLLE
Powered by picosearch  


Vous êtes libre de copier, distribuer et/ou modifier les documents de ce site, à la seule condition de citer la source.
 GNU Free Documentation License.

Qualité de service dans le secteur privé

1er septembre 2008

Pour poster un commentaire


Pour lire un peu plus :

-
La qualité de service chez DHL
- Qualité de service : la boucle locale du réseau téléphonique
- Qualité de service et service public
- Qualité de service : le cas du transport aérien
- Pour une économie de la qualité

On critique souvent la qualité du service public. "Ah ces fonctionnaires", disent, se lamentant, certains de ceux qui ne rêvent pour leurs enfants rien d'autre qu'une carrière de fonctionnaire.

Mais voici deux anecdotes, authentiques. Cela se passe dans une petite ville, ou si l'on veut un gros village, des environs. Je ne donnerai pas son nom car il serait facile d'identifier les personnes en question : ce qui compte, c'est l'esprit dont ces deux faits témoignent.

Une de mes voisines achète de la daube chez le boucher de cette commune. Elle flaire la viande et sent une odeur suspecte. Elle la rapporte donc au boucher : "Je trouve, lui dit-elle, que cette viande sent mauvais". "C'est vous qui sentez mauvais ! " lui répond le boucher.

Dans ce village, la pâtisserie est aussi un dépôt de pain. Un de mes voisins passe dans la rue, voit la pâtisserie ouverte et la dame rangeant les pains sur l'étagère. Il entre et demande à acheter un pain. "Ce n'est pas encore l'heure d'ouverture, lui répond la dame, passez quand ce sera ouvert".

*     *

L'insolence du boucher, le formalisme "administratif" de la pâtissière, ne nous feraient-ils pas sortir de nos gonds s'il s'agissait d'un service public ? Mais comme ces personnes, ces entreprises, appartiennent au secteur privé, on hausse les épaules, on remercie ironiquement, on sort du magasin en se disant qu'on n'y remettra plus les pieds...

J'ai cité ces anecdotes parce qu'elles sont fraîches et que je les ai clairement en mémoire, mais elles font suite à bien d'autres faits analogues. Tel est en effet, à quelques louables et rares exceptions près, le style des commerçants de ce village : grognons, agressifs, ils semblent n'éprouver que du mépris envers les clients.

Que doit-on en penser ? qu'ils copient ce qu'ils pensent être le style de l'administration - laquelle, dans ce village, est beaucoup plus affable que les commerçants, qu'il s'agisse de la Poste ou du Trésor public -, ou bien qu'ils ont je ne sais quelle revanche à prendre, je ne sais quelle leçon de savoir-vivre à dispenser ?

*     *

Cela fait réfléchir. Où mène la privatisation des services publics ? Le discours officiel, politiquement et culturellement correct, c'est "la privatisation, c'est bien, c'est bon". L'expérience, à la minuscule échelle de la vie quotidienne, contredit ce discours.

Et que l'on ne me dise pas que cette expérience n'est pas significative, qu'il faudrait la confirmer par des statistiques etc. ! C'est sur cet argument prétendument "scientifique", mais beaucoup trop commode, que le technocrate s'appuie pour dévaloriser les faits, le constat au ras du sol dont témoigne le citoyen.

Si seulement les technocrates prenaient la statistique au sérieux dans les domaines où elle s'impose pour de bon ! Dans les études préparatoires avant de proposer un nouveau texte de loi, par exemple, et dans l'évaluation de l'effet des lois nouvelles...