volle.com se fait un honneur de publier
ci-dessous un texte de Vladimir Sterkh, pseudonyme d'un Russe lucide et bien
informé qui écrit et parle couramment le français.
Sterkh complète et précise l'analyse présentée
par Nicolas Komine dans ses "lettres de Russie" (voir ci-dessous le
cartouche "pour lire un peu plus").
C'est là, me semble-t-il, une contribution
importante et utile à notre réflexion : dans la confusion qu'a suscitée le
conflit entre la Russie et la Géorgie il est bon de disposer des repères que
fournit Sterkh, qui se réfère souvent à l'excellente étude
de Thierry Wolton, Le KGB au pouvoir, Buchet & Chastel 2008.
* *
Le Casse-tête russe
La pluie
d’évaluations contradictoires, d’analyses, de recommandations concernant la
Russie d’aujourd’hui reflète le désarroi des experts et des élites politiques
occidentales face aux processus qui sont en cours dans ce pays et à leurs
possibles conséquences. Cette perplexité ne date pas d’aujourd’hui : on
l’observe depuis une vingtaine d’années déjà.
Lorsque
la période des bouleversements est venue les dirigeants occidentaux ont en effet
été déboussolés : ils n’arrivaient pas à percevoir ni qui était, ni que voulait
au juste un homme comme Gorbatchev ou comme Eltsine (rappelons-nous l’accueil
« chaleureux » organisé en 1990 à Strasbourg par Jean-Pierre Cot pour Boris
Eltsine, offensant délibérément l’homme politique qui allait être le premier
président d’un immense État, brillamment élu au suffrage universel – type
d’élection que la Russie n’avait jamais connu durant son histoire millénaire).
La même
question, devenue rituelle, a ressurgi en 2000 : « Qui est Poutine ? ». Cette
fois, il faut le reconnaître, même les politologues russes les plus avisés n’ont
pas su comprendre le sens des changements en cours ni prévoir leurs
conséquences.
Ces
conséquences, nous pouvons les constater aujourd’hui. Le monde occidental,
angoissé par la perspective d’une crise énergétique et par le terrorisme (en
large partie liés tous deux aux faits et gestes de l’administration américaine)
ne parvient pas à trouver le ton juste, les arguments, les réponses à une
réalité politique russe dont la nature lui échappe. Il croit en effet avoir
affaire à une démocratie jeune, immature, faible, sujette à une tendance
héréditaire à l’autoritarisme et même au totalitarisme, mais enfin à une
démocratie tout de même. Cette estimation reflète-t-elle la réalité ? N’est-il
pas surprenant que l’exclusion de la Russie du Club des Huit ait été réclamée
bien avant la crise caucasienne d’août 2008 non seulement par John McCain à des
fins électorales, mais aussi par Elena Bonner, veuve de l’académicien Sakharov,
et par Vladimir Boukovsky – deux figures légendaires de la dissidence soviétique
du « bon vieux temps » de la guerre froide
?
Si l’on
fait le tour des processus en cours en Russie on voit apparaître des phénomènes
inquiétants. Ce pays connaît non pas un ralentissement de la progression
démocratique, mais un brutal retour en arrière vers le passé soviétique dans le
domaine des droits et libertés civils, politiques, économiques, culturels, avec
en toile de fond la montée rapide d’attitudes antilibérales, antidémocratiques,
antioccidentales, chauvines, nationalistes, monarchiques (de larges couches
populaires, et non la seule élite politique, ont appelé Vladimir Poutine à
devenir président à vie), à quoi s’ajoute une cléricalisation rapide du pays.
Il serait
trop simple d’expliquer ce tableau peu réjouissant par la déception, après les
réformes libérales du début des années 1990, d’une population incapable de
s’adapter aux nouveautés de l’économie de marché. Son origine se trouve plutôt
dans un ensemble complexe de facteurs historiques.
Quand on
considère la « question russe » il ne faut pas en effet oublier qu’il s’agit
d’un pays hors du commun, marqué par une histoire dont l’atrocité dépasse
l’imagination. Ce passé (qui n’est toujours pas digéré) pèse lourd dans les
mentalités. D’où les complexes, le ressentiment et la confusion qui règnent dans
l’esprit du peuple et de ses dirigeants.
* *
Les
péripéties de l’histoire russe de dix-sept dernières années ont été le sujet de
plusieurs publications et études fondamentales.
Si on se passe de précautions diplomatiques pour schématiser les choses, il
apparaît que la situation est la suivante :
L’équipe
dirigeante du pays est une corporation baptisée « administration
présidentielle » (aujourd’hui mélangée à l’administration du premier ministre).
Elle s’est affranchie de tout contrôle public ou institutionnel et supervise
directement les pouvoirs exécutif (surtout les forces armées et les services
secrets), législatif, juridique, régional ainsi que les principaux média,
tournant ainsi le dos au principe de séparation des pouvoirs qui est essentiel à
la démocratie.
Elle
détient les principales richesses économiques et construit un « capitalisme d’État
» en créant des consortiums étatiques qui accaparent les entreprises et secteurs
les plus rentables. Du sommet aux cadres moyens elle est en majorité constituée
de ressortissants des « structures de forces » (en russe « siloviki »), en
premier lieu des services spéciaux. Les élections sont fictives : la fraude,
éhontée et quasi ouverte, associée au lavage des cerveaux par les média
télévisuels (bien organisé, il faut le reconnaître), procure les résultats
voulus avec une précision de montre suisse. Le parlement ainsi « élu » comprend
une forte majorité de fonctionnaires dociles qui ne font que le travail formel
d’approbation des lois édictées par la caste dirigeante.
Dire que
le système juridique est imparfait serait un euphémisme : les juges (catégorie
sociale aux revenus élevés) sont à la merci des échelons politiques et
administratifs de niveaux divers
et ceux d’entre eux qui n’obéissent pas sont immédiatement éliminés.
La
concurrence politique n’existe pas : les partis jugés « dangereux »,
« concurrents » du géant officiel « Russie Unie » qui est comme un PCUS nouveau
modèle, sont exclus de l’échiquier politique ou neutralisés par des procédés de
corruption et d’intimidation (c’est le cas du parti communiste, très influent il
y a encore une dizaine d’années).
La
dialectique des rapports de cette corporation au pouvoir avec les premiers
personnages politiques du pays a été excellemment résumée par Youlia Latinina,
brillante journaliste de la Novaïa Gazeta et de la chaîne de radio
Echo de Moscou : « Ce n’est pas Poutine qui a mis quatre ans pour nommer aux
postes-clés ses anciens collègues du KGB : ce sont ces gens-là qui ont mis
quatre ans pour faire de Poutine l’otage du système en place
».
* *
Après la
chute du régime communiste, et malgré plusieurs revers, le KGB était en effet la
seule institution qui ait conservé le gros de ses cadres supérieurs, ses
infrastructures, sa cohésion idéologique, sa capacité d’action et son expertise.
L’ancien triangle du pouvoir, PCUS - KGB - Armée, a été remplacé par un nouveau
triangle : « Russie Unie » - FSB
- Armée.
La caste dirigeante est (comme il se doit) divisée en factions dont les
deux principales sont (a) les pragmatiques, dont le niveau intellectuel
et les conceptions politiques sont relativement élevés, et (b) les
dogmatiques, « aveuglés » à la fois idéologiquement et matériellement (on
verra plus bas le sens de cette définition). Le rapport de forces entre ces
factions oscille en permanence et cela se traduit dans des prises de position,
dans les nominations aux fonctions importantes, dans des actes concrets qui
forment une série incohérente.
L’arrivée
d’Anatoli Medvedev à la tête de l’État témoigne du succès sans doute temporaire
de la faction pragmatique et on peut considérer le conflit armé au Caucase en
août 2008 (quelles que soient les erreurs éventuelles de la Géorgie) comme une
riposte des « aveuglés » qui tentent de renverser la situation à leur profit.
* *
Parler de
Medvedev et de son rôle en tant que président est non seulement prématuré mais
superflu et ce le sera peut-être encore longtemps. Tout dépend des circonstances
historiques futures – et par ailleurs les structures psychologique et
conceptuelle de cette personne ne sont pas encore claires. En sont de bonnes
illustrations son comportement et ses déclarations pendant la crise caucasienne
d’août, ou encore une épisode concernant le Zimbabwe après le dernier sommet des Huit :
le jeune président a signé un document au Japon, il y a pris des engagements,
mais tout cela a été jeté à la poubelle dès son retour à Moscou.
La
sociologie des dirigeants n’a rien de surprenant : la plus grande partie est
issue de « structures de force », essentiellement du FSB. Une autre partie
comprend d’anciens « jeunes » fonctionnaires du PCUS et du Komsomol convertis
aux valeurs de l’économie de marché (qu’ils n’acceptent toutefois que si elles
leur servent personnellement). Les technocrates, spécialistes compétents en
économie, en finances, en diplomatie etc. forment enfin un troisième groupe.
Ce qui
est plus intéressant, ce sont les mobiles, la psychologie, les réflexes, la
manière habituelle d’agir des membres de cette corporation. Il est notoire que
les cadres du FSB qui ont organisé l’arrivée de Poutine à la présidence avec le
concours de certains « nouveaux riches » (Boris Berezovski en premier lieu)
ont largement utilisé le pouvoir ainsi acquis pour s’enrichir personnellement.
Certains de leurs objectifs sont sans doute conformes aux intérêts du pays mais,
comme le dit la politologue russe Lilia Chevtsova, ils savent habilement faire
passer leur intérêt personnel pour l’intérêt national.
Ainsi a
surgi une oligarchie qui cumule pouvoir politique et richesse. Les entrepreneurs
milliardaires des années 1990, apprivoisés après l’affaire Ioukos, ont le droit
de continuer à exister à condition d’accepter à la première demande de vendre à
bas prix tout ce qu’ils possèdent à l’État (c’est à
dire aux nouveaux oligarques) ainsi que
de financer les projets du pouvoir (le parti « Russie Unie », les JO 2014 de
Sotchi, des clubs, l’équipe nationale de football etc.). Le nombre des
milliardaires connus (sans compter ceux que l’on ne connaît pas et qui sont de
hauts fonctionnaires) est en Russie l’un de plus élevés au monde.
* *
On ne
doit pas réduire les méthodes de ces dirigeants à de simples
intrigues politiques, à des infractions à la loi, à la manipulations des média,
à la fraude en tout genre : une part importante de ces méthodes emprunte les
procédés criminels typiques des régimes despotiques.
Rappelons
les circonstances du commencement et du déroulement de la deuxième guerre en
Tchétchénie, les explosions d’immeubles d’habitation à Moscou et Volgodonsk, les
actes terroristes (et leur issue) au théâtre moscovite Doubrovka et à l’école
secondaire de Beslan.
Ceux qui n’ont pas hésité à mettre en œuvre de tels procédés ont réussi à créer
dans le pays une atmosphère de peur et d’horreur et à focaliser les espoirs du
peuple sur un « sauveteur énergique, musclé, sans pitié pour les ennemis ».
Il a été
impossible de soumettre les responsables de ces tragédies, ainsi que ceux des
meurtres politiques des dernières années, au verdict d’une justice indépendante
;
mais tout indique que c’est le noyau dirigeant du FSB, ses invisibles
« cardinaux gris », qui porte la responsabilité collective et anonyme de ces
actes. L’attitude des figures politiques (y compris peut-être celle de Poutine)
a oscillé entre le consentement tacite et bienveillant et un mutisme qui indique
un désaccord idéologique sans aucun débouché public ni politique. Cette dernière
position a surtout été celle des économistes
pragmatiques.
* *
De cette
situation découlent les objectifs principaux de la caste au pouvoir et des
organisateurs des louches affaires économiques et politiques. Ils veulent
dissimuler les moyens qu’ils ont utilisés pour accéder au pouvoir, cacher
l’existence et l’origine de leur richesse, enfin et surtout conserver à tout
prix leurs acquisitions. La méthode qu’ils utilisent pour y parvenir est de
rester au pouvoir le plus longtemps possible, d’effacer toutes les traces
d’infractions - surtout de celles qui ont un caractère criminel.
La
concurrence politique étant anéantie il ne reste pour eux qu’un seul danger réel
: le peuple russe lui-même. La peur d’une contagion sociale explique leur
hystérie face aux événements d’Ukraine et de Géorgie ainsi que les brutales mais
vaines tentatives d’intervenir dans la sphère médiatique de ces anciennes
républiques soviétiques et dans leur processus électoral.
Une lourde hérédité
Les
dirigeants réels du pays trouvent logique d’utiliser, pour conserver le pouvoir,
des moyens qui correspondent à leurs conceptions politiques, à leur vision du
monde et aussi aux traditions séculaires du pays. Leur détestation envers les
principes démocratiques des États développés est aussi rationnelle
qu’idéologique : l’application de tels principes les dépouillerait de ce qu’ils
ont acquis. Elle coïncide avec la peur et l’hostilité envers l’Occident qui ont
été cultivées en Russie durant des siècles et surtout pendant la période
soviétique (les communistes disaient que l’URSS était « une forteresse
assiégée »). L’image d’un Occident hostile est profondément gravée dans la
conscience nationale russe : il n’était donc pas difficile de ressusciter les
attitudes antioccidentales qui s’étaient estompées un temps après la chute de
l’URSS.
* *
Le
ressentiment russe envers l’Occident est historiquement lié au conflit entre les
églises catholique et orthodoxe. Le choix de la religion de Byzance par la
Russie au Xe siècle a déterminé les dominantes idéologiques et les
choix politiques russes pendant les siècles suivants.
L’orthodoxie byzantine a en effet institutionnalisé la bénédiction du tsar et de
son pouvoir au nom de Dieu. A la différence du monde catholique, où seul le Pape
a fini par être considéré comme infaillible, c’est le tsar qui dans le monde
orthodoxe est l’autorité suprême dans le domaine de la foi.
En Russie
la sainteté, la sacralité du tsar ont été imposées de facto par Ivan le
Terrible (1530-1584), puis appliquées de jure à partir d’Alexeï
Mikhailovitch (1629-1676), deuxième monarque de la dynastie Romanov, «enduit à
l’huile de myrrhe divine (pomazannik bojii) »
après son couronnement comme le sont les moines après avoir prononcé leurs vœux.
Cette tradition, ayant laissé une empreinte profonde dans les consciences, a
facilité l’instauration ultérieure de pouvoirs personnels et autoritaires. Déjà
l’Église avait soutenu Ivan le Terrible en lui « pardonnant » les exterminations
massives de chrétiens russes (un vrai génocide a eu lieu à Novgorod en 1570) et
même les persécutions envers son propre haut clergé.
Parallèlement à la sacralisation du pouvoir politique suprême il faut souligner
l’attitude de l’église russe envers sa grande concurrente, l’église catholique.
Pendant les trois cents ans du joug tatar-mongol l’église russe a manifesté une
soumission sans faille aux envahisseurs musulmans. Elle a été payée de retour :
les tatar-mongols lui ont octroyé des privilèges en l’exonérant du tribut imposé
aux principautés et villes russes. En 1261 un épiscopat orthodoxe a été même
créé dans la Horde d’Or. En même temps les moindres heurts avec les États
catholiques devenaient dans ses mythes des batailles historiques grandioses.
Le haut
clergé orthodoxe n’a jamais protesté contre les procédés despotiques de Pierre
le Grand, mais il cachait mal son aversion envers sa politique d’ouverture vers
l’Europe, sans toutefois aller jusqu’à la désobéissance au tsar.
L’église
russe ne s’est ouvertement opposée au pouvoir suprême que pendant une courte
période après la révolution de 1917 : les bolcheviks ont entrepris alors une
expropriation impitoyable et gigantesque de ses richesses matérielles et ils ont
exécuté sans hésiter les prêtres qui s’y opposaient. Mais peu de temps après
l’église russe a amorcé son rapprochement avec le nouveau pouvoir : dès 1927 le
patriarche Serguei (Serge) a déclaré son soutien à la politique intérieure et
extérieure de l’État soviétique.
L’Église,
mise en marge de la société et des affaires d’État et subissant de dures
épreuves à cause de l’athéisme militant et, au début, très agressif des
communistes, a trouvé néanmoins un réconfort dans l’idéologie des dirigeants de
l’URSS qui déclaraient mener « la lutte finale » contre le « capitalisme »
qu’incarnaient les pays développés aux confessions dominantes catholique et
protestante, porteurs des valeurs du libéralisme et de la « démocratie
bourgeoise ».
Le retour
de masses populaires russes aux sources religieuses si longtemps interdites
observé vers la fin des années 1980 et le début des années 1990 n’a pas duré
longtemps, mais l’Église a intelligemment utilisé cette poussée religieuse en
obtenant du pouvoir des privilèges considérables. Ce n’est toutefois qu’après
l’avènement au poste suprême de Vladimir Poutine (ou plus exactement de l’équipe
qui l’a propulsé à ce poste) que l’antioccidentalisme, l’antilibéralisme de
l’église orthodoxe et des nouveaux dirigeants du pays se sont fait ouvertement
sentir.
Le
rapprochement entre le pouvoir et l’église russe entamé sous Boris Eltsine s’est
accéléré après 2000. Aujourd’hui les premiers personnages de l’État se font un
devoir d’assister, le cierge à la main, aux messes les plus importantes. Le haut
clergé est plus que présent dans l’armée qui avait besoin d’un support
idéologique après la disparition du marxisme officiel. L’hostilité de l’Église
orthodoxe envers les valeurs occidentales l’a rapprochée de généraux dont les
convictions idéologiques restent imprégnées par les dogmes communistes. Les
prêtres orthodoxes bénissent aujourd’hui les fêtes annuelles des armées ainsi
que les nouveaux armements (notamment les sous-marins atomiques, porte-avions et
missiles stratégiques). L’Église fait de grands efforts pour introduire
l’histoire et la culture orthodoxes dans les programmes scolaires, ce qui
contredit la laïcité de l’État.
L'élément nationaliste
Aux
fortes tendances antioccidentales est liée une poussée nationaliste complexe à
caractère à la fois civil et ethnique.
Il est
naturel que lorsque se forme un état-nation, ou après de dures épreuves, un pays
ait besoin d’être encouragé pour pouvoir croire en ses propres forces. Ainsi
lorsque de Gaulle parlait de la « grandeur de la France » c’était sans doute
nécessaire dans un pays démoralisé après deux guerres coloniales épuisantes et
le carrousel politique de la quatrième république. Dans le cas de la Russie
rappelons que Staline, craignant de perdre la guerre et conscient du manque
d’attrait des dogmes communistes, a fait appel au patriotisme, aux sentiments
nationaux et à l’aide de l’église orthodoxe en mettant l’accent sur le
nationalisme civil.
Or dans
certaines circonstances historiques le nationalisme civil tend à dégénérer en
nationalisme ethnique, comme cela s’est produit en Allemagne après l’humiliation
du traité de Versailles en 1919. Aucun pays démocratique n’a été complètement
épargné par le virus raciste qui a souvent pris la forme de l’antisémitisme
(dans le cas de la France il s’agit notamment de la vague antisémite après le
scandale du canal de Panama dans les années 1890, ainsi que de la collaboration
d’une partie de diverses couches sociales avec les nazis en 1940-1945).
Le
glissement d’un nationalisme à l’autre a été observé plus d’une fois en Russie :
une fois la guerre gagnée, Staline a déclaré les Russes « peuple dirigeant » et
a monté une campagne contre les « peuples traîtres » en organisant des purges
ethniques.
* *
La
période 1990-1999 a été ressentie comme une humiliation par de larges couches
populaires russes, et cela a permis à l’équipe au pouvoir après 2000 de faire
progresser les idées nationalistes. La forme antisémite du nationalisme ethnique
existe encore dans la Russie d’aujourd’hui mais elle s’est atténuée après le
départ massif des juifs vers Israël durant les vingt dernières années.
D’autres
variétés du même phénomène ont surgi, analogues aux sentiments xénophobes qui
ont cours en Europe en réaction à l’immigration massive originaire d’Asie,
d’Afrique, d’Orient et des « jeunes » pays européens anciens satellites de
l’URSS. Les grandes villes russes subissent un flux sans précédent de main
d’oeuvre provenant des anciennes républiques soviétiques (Ouzbékistan,
Tadjikistan, Azerbaïdjan, Géorgie et aussi Ukraine et Biélorussie). Les causes
concrètes de l’irritation de la population russe autochtone envers cette
immigration sont à peu près les mêmes qu’en Europe.
On ne
peut pas dire que le pouvoir ne comprenne pas les dangers de ces manifestations
pour un État multinational et multiconfessionnel, mais la tentation de mettre à
profit ce nationalisme ethnique à des fins de mobilisation populaire est pour
lui très forte. Les autorités locales, ainsi qu’une partie importante des forces
de sécurité et d’ordre public (qui ont des sympathisants aux échelons
supérieurs) font souvent preuve d’indulgence envers les excès et même les
crimes à caractère xénophobe.
Le poids du passé
L’éducation qu’ils ont reçue, leurs convictions idéologiques, la vision du monde
impérialiste des membres les plus influents de l’équipe dirigeante en place ont
facilité la résurgence des mythes de l’époque stalinienne. Rappelons la phrase
de Poutine : « la chute de l’URSS est la plus grande catastrophe géopolitique du
XXe siècle ». Le mythe de la grandeur soviétique sous Staline sert,
tout comme l’antioccidentalisme, le nationalisme et le rapprochement avec l’Église,
d’instrument à la consolidation idéologique du pays. Mais en reconnaissant
fût-ce une partie de l’héritage stalinien le pouvoir s’engage sur une voie
funeste.
Le chemin
déjà parcouru est impressionnant. Une des premières initiatives de Poutine a été
la réintroduction de l’hymne national de l’époque du « grand timonier », fait
très significatif et dont les conséquences ne sont pas innocentes. Autre
initiative personnelle de Poutine : le manuel de 2008 ayant le caractère
d’instruction officielle pour les professeurs d’histoire, où les crimes du
régime stalinien contre l’humanité sont minimisés et même en partie justifiés
par les circonstances et nécessités géopolitiques. Enfin l’arme numéro un dans
le monde politique russe – les mass media monopolisés par l’équipe dirigeante -
exécute aujourd’hui sur commande une campagne de glorification de l’histoire du
pays sous la direction de Staline.
Il est
impossible que la jeune génération ne soit pas influencée par ce retour au
passé. Une étude effectuée récemment par le centre analytique Levada (principale
institution russe de recherche sociologique) sur la jeunesse du pays a fait
apparaître des faits inquiétants.
Les jeunes se distinguent des « anciens » par deux critères : ils sont plus
satisfaits de leur niveau matériel et ils sont plus perméables à la rhétorique
nationaliste. 50 % d’entre eux « connaissent peu de choses sur l’époque de
Staline ». La majorité considère que Staline était « un manager efficace à son
époque ». Plus de 50% sont persuadés que la Russie a « beaucoup d’ennemis ». 52%
ne sont pas d’accord pour suivre la voie européenne du développement. 31 %
pensent que la Russie a été perfidement contaminée par l’Occident qui lui aurait
inoculé le Sida pour l’affaiblir !
On peut
en rire bien sûr, mais si les Européens apprenaient que 55% des jeunes Allemands
estiment que Hitler « a commis des erreurs mais avait plus de mérites que de
défauts » (c’est l’opinion des jeunes Russes sur Staline), cela leur ferait
certainement froid dans le dos.
Questions de tactique et de stratégie
La Russie
redeviendra-t-elle dans un avenir prévisible un nouveau défi politique,
économique, voire militaire pour les États démocratiques
(le défi énergétique est déjà plus que présent) ? Pour le moment un tel
scénario ne semble pas probable.
L’inefficacité du capitalisme étatique saute aux yeux. Le taux de croissance est
dû pour 60-70% à l’exploitation des hydrocarbures et son ralentissement
s’accompagne d’une forte inflation.
La Russie
est en réalité un appendice énergétique de l’Europe. Elle n’exporte presque pas
de produits de haute technologie (les exceptions sont l’armement vendu à la
Chine, à l’Inde et aux pays peu développés, et aussi en partie la métallurgie).
L’économie russe ne représente que 2% de l’économie mondiale (les Etats-Unis en
représentent 27%). Les importations de produits agroalimentaires couvraient 20%
de la consommation intérieure en 2004, ils en représentent 45 % en 2007 (et
jusqu’à 70 % dans les grandes villes). L’entreprise d’État n° 1, Gazprom, n’a
pas réussi à augmenter l’extraction du gaz pendant la dernière année et sa dette
extérieure, 60 milliards de dollars, représente 60% de son chiffre d’affaires.
On enregistre une chute substantielle de l’extraction du pétrole. La dette des
entreprises russes envers les banques occidentales est de 490 milliards de
dollars, ce qui correspond aux réserves d’or et de devises du pays.
Transparency
International classe la Russie à la 143ème place parmi les 175 pays
du monde d’après l’indice de la corruption, qui est devenue un facteur
« institutionnalisé » et officiel sans lequel le système s’écroulerait en
quelques mois. Comme le note Thierry Wolton les tenants du pouvoir actuel
« privatisent leur fonction, transforment leur pouvoir en propriété... Les
sphères privée et publique se confondent dans la poursuite des intérêts
corporatistes et personnels... Les hauts fonctionnaires... sont à la foi les
corrupteurs et les corrompus ».
La corruption est omniprésente jusque dans les institutions responsables de la
défense et de la sécurité d’État : c’est pourquoi les appels à ressusciter la
puissance militaire restent sans effet. De 2000 a 2007 les dépenses militaires
sont passées de 146 à 870 milliards de roubles mais pendant la même période
l’armée russe n’a pu acheter que trois nouveaux avions bombardiers stratégiques
lance-missiles TU-160 et deux chasseurs SU-34. Le reste de la production est
vendu principalement à la Chine et à l’Inde.
Le récent voyage à Cuba de deux faucons de l’équipe dirigeante
qui ont évoqué une réimplantation militaire russe sur l’île relève de la pure
dissuasion politique.
On ne
doit cependant pas négliger les efforts que fait la Russie pour moderniser et
rénover sa flotte de sous-marins et de porte-avions ainsi que ses missiles
stratégiques. A force de dire à l’opinion publique nationale et internationale
que « la Russie se relève de ses genoux » (slogan lancé par Poutine et
omniprésent dans la vie politique et les média), les dirigeants russes finissent
par y croire eux-mêmes et ils tentent de le prouver par des efforts militaires
qui ruinent une fois de plus le pays. Il convient donc de rester vigilant envers
le retour du militarisme russe.
L’attitude à adopter
Quelle
ligne politique faut-il adopter actuellement envers la Russie ? L’Occident, et
en premier lieu l’Union européenne, peuvent influencer les processus en cours en
Russie sans pour autant s’ingérer dans les affaires de ce pays.
Il faut
d’abord que les pays européens se sentent et se sachent solidaires en face de la
Russie, qu’aucun d’entre eux ne défende ses intérêts immédiats sans se soucier
des autres ni des conséquences à long terme.
La
solidarité entre les pays européens leur a déjà permis d’obtenir des résultats,
surtout après le fameux discours de Poutine à Munich le 10 février 2007 :
solution du problème du Kossovo, projets antimissile en Pologne et en Tchéquie,
adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’Union européenne et à l’OTAN… Chacun
de ces projets est certes discutable et on peut s’interroger sur les moyens de
les mener à bien : il n’est pas évident par exemple que l’entrée de l’Ukraine et
de la Géorgie dans l’OTAN soit conforme aux intérêts stratégiques de l’Union
européenne (cette perspective doit cependant être réévaluée après la crise au
Caucase). Il serait sans doute plus raisonnable d’avancer progressivement en
discutant chaque étape avec la Russie – peut-être même faudrait-il intégrer
celle-ci dans l’Union européenne et l’OTAN avec la Géorgie et l’Ukraine… une
telle perspective paraît sans doute fantastique, mais ne faut-il pas l’envisager
à long terme ? De Gaulle disait « il faut voir loin »...
Si dans
les cas que nous venons d’évoquer des compromis peuvent être justifiés ils sont
inadmissibles dans d’autre cas. Les pays de l’Union européenne ne doivent pas
laisser l’Estonie et la Lituanie, ni même une grande puissance comme la
Grande-Bretagne, seules en face des difficultés que leur suscite la Russie.
Les cyberattaques contre l’Estonie en mai 2007 et la Lituanie en juin 2008,
l’assassinat d’Alexandre Litvinenko en novembre 2006 à Londres par un procédé
radioactif inédit, la persécution de l’ambassadeur britannique à Moscou par le
mouvement Nachi (« les nôtres », organisation de jeunesse financée et orientée
par l’administration présidentielle) : autant d’actes qui appelaient une réponse
énergique et collective de l’Union européenne !
Fallait-il attendre le nouveau drame au Caucase pour qu’elle réagisse? Le
potentiel économique de l’Union européenne est quinze fois celui de la Russie,
sa population est trois fois plus importante. Il faut qu’elle sache gérer le
rapport de force car il faut comprendre que ceux qui dirigent aujourd’hui la
Russie ne connaissent et ne comprennent pas d’autre langage que celui de la
force et qu’ils se moquent bien des formalités et procédures en usage entre les
pays civilisés. Observons d’ailleurs que la persécution de l’ambassadeur de
Grande-Bretagne n’a cessé qu’après la protestation de l’Union européenne.
* *
La
Russie, n’ayant pas digéré son passé communiste et stalinien, est condamnée à se
référer aux mythes de cette époque terrifiante quand elle doit agir ou réagir
aux événements. Cette référence, permanente et dominante, a une influence
désastreuse sur sa politique intérieure comme sur son comportement sur l’arène
internationale.
L’histoire de la période soviétique telle qu’elle est exposée dans les livres et
les manuels d’histoire, telle qu’elle se reflète dans les mémoires, est
totalement fallacieuse. Certains épisodes sont cachés, d’autres sont inventés,
d’autres encore sont déformés. Les publications historiques sérieuses parues ces
dix-sept dernières années n’ont pu toucher que le petit nombre de ceux qui
veulent comprendre l’histoire du pays, et les mass média ne leur ont jamais
accordé l’attention qu’elles méritent.
Les
archives du KGB et du ministère de l’Intérieur n’ont été entrouvertes que durant
quelques mois en 1991 et 1992 – puis le KGB a obtenu que leur accès soit de
nouveau totalement interdit. Même si les documents les plus compromettants ont
vraisemblablement été détruits l’analyse objective de ces archives montrerait
que les atrocités commises en URSS entre 1917 et 1953 dépassent en horreur tout
ce que l’on peut imaginer et même les crimes du troisième Reich.
Le
génocide perpétré par le régime stalinien envers son propre peuple a fait en
effet proportionnellement plus de victimes que celui qui a été commis sur
l’ordre d’Hitler contre des peuples « étrangers » à l’Allemagne nazie. Mais le
régime communiste n’a pas eu son tribunal de Nuremberg, il attend et attendra
encore longtemps son tribunal de La Haye – et cela permet aux dirigeants actuels
de ressusciter les mythes de l’époque stalinienne auxquels le peuple croyait
jadis comme aux Saintes Écritures.
Il faut
que les pays occidentaux prennent conscience du danger que représente la
réhabilitation progressive du régime stalinien en Russie. Lorsque George Bush a,
dans son discours annuel sur l’état de l’Union, parlé des « peuples opprimés »
et établi une équivalence entre « le nazisme allemand et le communisme
soviétique », cela a provoqué une réaction nerveuse et significative du
ministère des affaires étrangères russe : « bien que la ligne politique de
l’époque (stalinienne) ait souffert d’une sévérité injustifiée (sic), nous ne
pouvons pas rester indifférents devant les tentatives de mettre sur le même plan
le communisme et le nazisme ».
Pourtant ce qu’avait dit Bush (ou ce que lui avait fait dire son brain trust)
n’avait rien de nouveau ni d’original :
les deux régimes ont connu des exterminations massives, la seule différence
résidant dans la cible visée. La cible du génocide commis par les nazis avait un
caractère ethnique, alors qu’en URSS on a exterminé les couches sociales jugées
« anticommunistes » : entrepreneurs (y compris les paysans plus ou moins
prospères), nobles, intellectuels etc.
Il serait
opportun que l’Union européenne se prononce, à l’occasion d’une date
commémorative quelconque, sur ce qu’a été la vraie nature du régime stalinien.
Une telle déclaration aurait du poids compte tenu du rôle économique et
politique de l’Europe pour la Russie.
* *
En
Russie, comme ailleurs, l’accumulation primitive du capital passe par des
conflits entre réseaux d’influence, par la lutte entre divers clans et mafias.
La mafia russe a tissé des rapports profitables avec les siloviki qui, au lieu
de lutter comme ce serait leur mission contre le crime organisé, ont trouvé plus
avantageux de conclure des partenariats avec les patrons de la pègre. Une part
importante des dirigeants actuels de la Russie a eu et continue d’avoir des
contacts d’affaires avec des représentants de la mafia, installés le plus
souvent à l’étranger.
Le point
faible des siloviki est le caractère illicite, voire criminel, des procédés
qu’ils ont utilisés pour accumuler leur richesse, et surtout leur désir ardent
de conserver leurs acquisitions. Cela concerne aussi (mais dans une moindre
mesure) certains technocrates cultivés – des économistes et même de hauts
diplomates dont beaucoup n’hésitent pas à arrondir leur compte en banque par des
procédés illicites.
Où sont
cachées leurs richesses ? Principalement dans l’immobilier en Europe ainsi que
dans des comptes auprès de grandes banques en Suisse, au Luxembourg etc. Bien
sûr ces richesses sont camouflées, inscrites sous le nom d’hommes de paille. Il
est impossible de connaître tous les subterfuges auxquels recourent les
oligarques russes pour accumuler en secret des capitaux qu’ils cachent ensuite
au fisc.
Il serait
utile que l’Union européenne s’y intéresse car cela lui donnerait des moyens de
pression et d’action. L’arrestation à Monaco d’Evgueni Dvoskine,
qui était recherché aussi aux Etats-Unis, est un signe encourageant : cet escroc
serait lié aux siloviki qui travaillent au parquet de Russie. On peut citer
aussi, nouvel exploit de l’infatigable juge espagnol Baltasar Garzón,
l’arrestation en Espagne des quelques membres influents de la mafia russe (Petrov
etc.) qui s’est développée dans les années 1990 à Saint-Pétersbourg en tissant
des contacts fructueux avec les services économiques de la ville (notamment avec
ceux qui s’occupaient des échanges internationaux et qui étaient dirigés par
Vladimir Poutine en personne, à l’époque haut fonctionnaire inconnu du grand
public).
* *
Dans
l’histoire millénaire et très spécifique de la Russie le XXe siècle a
été absolument funeste. Elle connaît aujourd’hui comme hier d’importants retards
par rapport à l’Occident dans les domaines économique, politique et social, et
elle donne un exemple frappant de la persistance d’une mémoire héréditaire (ou
génétique) dans la conscience populaire.
Le
renforcement des tendances antidémocratiques en Russie s’appuie sur une synergie
entre plusieurs idéologies : la version russe de la confession orthodoxe,
vieille d’un millénaire, s’associe dans la vision du monde qu’ont ses dirigeants
actuels à l’héritage du passé « marxiste » où prédomine l’hostilité à
l’Occident.
C’est là
une configuration absolument nouvelle : avant 1917 le pays suivait lentement
mais sûrement la voie européenne et la famille de ses monarques était liée aux
autres dynasties royales d’Europe ; de 1917 à 1991 l’Église n’a pas pu jouer un
rôle important car elle était écartée des affaires et hostile aux thèses-clés de
l’idéologie d’État.
* *
La Russie
est aujourd’hui à la croisée des chemins. Ses dirigeants souhaiteraient pouvoir
à vivre « à l’européenne » tout en conservant les règles du jeu qu’ils ont
établies en politique intérieure, mais cette aspiration est vouée à l’échec.
L’économie russe dépend en effet des pays occidentaux et ce fait est bien
compris par la partie la plus avisée de l’administration.
Cela
explique le passage (on ne peut pas parler d’élections démocratiques) du pouvoir
suprême d’un président à un autre, ainsi que le choix de cet « autre ». La
réélection de Poutine en 2008, souhaitée par une partie de l’élite politique,
aurait été possible et d’ailleurs approuvée par une quasi majorité de la
population (voir les exemples du Kazakhstan et de la Biélorussie). Mais les
dirigeants du pays ont compris que ce choix aurait été fatal à leurs intérêts
personnels et leurs projets d’avenir l’ont finalement emporté. Ceci dit le
rapport de forces au sein de l’équipe dirigeante peut basculer d’un moment à
l’autre, la nouvelle crise caucasienne en est la meilleure illustration.
L’Occident doit tenir compte de cette réalité dans sa politique économique
(énergétique en premier lieu), ainsi que dans sa tactique et sa stratégie envers
l’État russe. Il lui faudra enterrer certaines illusions : il devra renouer avec
certains des stratagèmes de la guerre froide… La Realpolitik que préconise Henry
Kissinger, qui suppose de pacifier les relations avec le géant russe, ne serait
pas aujourd’hui la plus efficace. La politique de fermeté mesurée que recommande
Zbigniew Brzezinski correspond mieux aux réalités actuelles. Enfin l’Europe doit
élaborer sans perdre trop de temps un plan à long terme pour intégrer cet
immense pays dans le camp des puissances démocratiques.
Vladimir Sterkh
Thierry
Wolton, Le KGB au pouvoir. Le système Poutine, Buchet & Chastel, Paris,
2008.
Alex
Goldfarb et Marina Litvinenko, Meurtre d’un dissident, Paris,
Laffont, 2007.
Arkadi
Vaksberg, Le laboratoire des poisons, Paris, Buchet & Chastel, 2007.
La
Russie aujourd’hui, néolibéralisme, autocratie et restauration,
Lyon, Parangon, 2004.
Voir à ce
sujet Anna Politkovskaia,
La Russie selon Poutine,
Paris, Buchet & Chastel, 2005.
Les
statistiques et données économiques sont prises (a) dans le Rapport
Poutine, Bilan de Vladimir Milov, directeur de l’Institut de la
politique énergétique (en 2002 il était vice-ministre de l’énergie) et Boris
Nemtsov, vice premier ministre de Russie en 1997-1998. Voir
http://larussophobe.wordpress.com/2008/03/31/boris-nemtsovs-white-paper-in-full/
, et (b) dans le Lilia Chevtsova, « Rapport non gouvernemental »,
Novaïa Gazeta n° 57, 7-10 août 2008.
V. Milov et B. Nemtsov (Op. cit.)
Voir le site du Ministère des affaires
étrangères de Russie, media.mid.ru, 27 juillet 2008 (le communiqué est
reproduit notamment dans la Nezavissimaia Gazeta du 28 juillet 2008).
Voir André
Glucksmann, La Cuisinière et le
mangeur d’homme, réflexions sur l’Etat, le marxisme et les camps de
concentration,
Paris, Seuil, 1975
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