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Échanges entre "grand" et "petit" pays

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- Effets économiques des TIC
- Modèle de Ricardo
- Modèle économique des TIC

D’après le modèle de Ricardo si, dans une économie ouverte à deux pays et deux secteurs, l’un des deux pays est plus grand que l’autre, le petit pays se spécialisera dans un seul secteur.

Supposons donc que l’économie comporte deux pays nommés 1 et 2, tous deux du type décrit dans Modèle économique des TIC, donc capables de produire les biens N et Y chacun avec sa technologie propre, tels que 1 soit plus grand que 2 et que les fonctions de production soient telles que, en économie ouverte, 2 se spécialisera dans la production du bien Y et ne produira pas de TIC.

Le petit pays importe alors des TIC en échange du bien de consommation ; il détermine le volume de cette importation, qui lui fournit la totalité du N2 qu’il utilise, de façon à maximiser sa propre consommation.

Le prix relatif de N et Y dans le grand pays s’impose à l’ensemble de l’économie. L’utilité dans chaque pays est alors :

U1 = b1a1αααββ

U2 = a1αααββb21/ βb1-α/β

U2/U1 = (b2/b1)1/β

U2 est fonction croissante de a1 et de b2, ce qui est conforme à l’intuition. Elle est aussi, ce qui est moins intuitif, fonction décroissante de b1 : si le grand pays accroît son efficacité dans la production des biens de consommation sans que le petit pays fasse de même, le petit pays devra payer les TIC plus cher et sera donc relativement appauvri.

Le rapport des utilités dans les deux pays[1] est fonction croissante du rapport des efficacités b2 et b1.  Si une amélioration de la technologie a1 se produit, et si le rapport b2/b1 reste constant, les deux utilités sont multipliées par a1α.

*  *

Cependant la relation entre ai et bi n’est pas à sens unique : il est logique de supposer que bi croît davantage dans le pays dont le ai a crû, et il se peut aussi que ai croisse davantage dans le pays dont les entreprises sont mieux préparées à utiliser l’innovation pour faire croître leur bi. Dans beaucoup de domaines, la qualité de l’offre dépend en effet de la qualité des clients : c’est notoire pour l’art, mais c’est vrai aussi pour l’innovation technique : le premier micro-ordinateur a été inventé en France par François Gernelle en 1973 mais les Français n’ont pas su qu'en faire[2]. Par contre lorsque l’Altair a été commercialisé en kit aux Etats-Unis en 1974, et malgré son caractère rudimentaire, il a passionné des « hobbyistes » qui ont tout fait pour le perfectionner[3] (parmi ces « hobbyistes » se trouvait Bill Gates, alors âgé de 19 ans).

Supposons, pour refléter une situation souvent constatée en pratique, que la réorganisation des entreprises utilisatrices connaisse un retard systématique dans le petit pays, c’est-à-dire que b2 croisse moins que b1 lorsque a1 augmente. Il va en résulter un retard dans la croissance du petit pays, voire même une baisse de son utilité.

Posons les hypothèses suivantes :

(a) a11 = a10 (1+ δ), avec δ petit : a1 mesure l’efficacité de la production des TIC par le grand pays, et sa variation déclenche tous les autres changements.

(b) b11 = b10 (1+ µδ), avec 0 < µ < 1 (b1 mesure l’efficacité de la production du bien de consommation dans le grand pays).

(c) b21 = b20 (1+  λµδ), avec 0 < λ < 1 (b2 mesure l’efficacité de la production du bien de consommation par le petit pays ; sa variation est une fraction λ de la variation de b1). Si λ = 1, b2 varie comme b1 lorsque a1 est modifié ; si λ = 0, b2 ne varie pas.

Pour le grand pays, on trouve :

ΔU1/U1 = δ(α + μ)

Pour le petit pays, on trouve :

ΔU2/U2 = δ{α + μ [1 - (1 - λ)/β]} = ΔU1/U1 - δμ(1 - λ)/β

L’utilité relative du petit pays par rapport à celle du grand pays diminue si λ < 1.La croissance de a1 entraîne cependant une augmentation absolue de l’utilité du petit pays à condition que :

λ > α(μ - β)/μ

λ étant positif ou nul, cette inégalité sera toujours vérifiée si μ < β ; si par contre μ > β, il existe pour λ un seuil au dessous duquel l'augmentation de a1 aura pour effet de diminuer absolument l’utilité de 2.

-         Si λ est inférieur à 1 (l'effet d'une amélioration des TIC sur les entreprises qui produisent les biens de consommation est plus fort dans le grand pays que dans le petit pays), l’augmentation de l’utilité provoquée par l'amélioration des technologies est plus faible dans le petit pays que dans le grand pays ;

-         Si μ est fort (l'amélioration des TIC entraîne un fort accroissement de la productivité dans le secteur des biens de consommation du grand pays) alors que λ est faible, l'amélioration des TIC peut susciter un appauvrissement absolu du petit pays.
 


[1] Autrement dit de leurs PIB, puisque ici nous identifions l’utilité au volume de la consommation.

[2] Ils ne s’en sont servi que pour équiper des péages d’autoroute.

[3] Steven Levy, Hackers, Delta Publishing,1994.