D’après le modèle de Ricardo si, dans une économie
ouverte à deux pays et deux secteurs, l’un des deux pays est plus grand que
l’autre, le petit pays se spécialisera dans un seul secteur.
Supposons donc que l’économie comporte deux pays nommés 1
et 2, tous deux du type décrit dans Modèle économique
des TIC, donc capables de produire les biens N et Y chacun avec sa
technologie propre, tels que 1 soit plus grand que 2 et que les fonctions de
production soient telles que, en économie ouverte, 2 se spécialisera dans la
production du bien Y et ne produira pas de TIC.
Le petit pays importe alors des TIC en échange du
bien de consommation ; il détermine le volume de cette importation, qui lui fournit
la totalité du N2 qu’il utilise, de façon à maximiser sa propre
consommation.
Le prix relatif de N et Y dans le grand pays
s’impose à l’ensemble de l’économie. L’utilité dans chaque pays est alors :
U1 = b1a1αααββ
U2 = a1αααββb21/
βb1-α/β
U2/U1 = (b2/b1)1/β
U2 est fonction croissante de a1
et de b2, ce qui est conforme à l’intuition. Elle est aussi, ce qui
est moins intuitif, fonction décroissante de b1 : si le grand pays accroît son efficacité
dans la production des biens de consommation sans que le petit pays fasse de
même, le petit pays devra payer les TIC plus cher et sera donc relativement
appauvri.
Le rapport des utilités dans les deux pays
est fonction croissante du rapport des efficacités b2 et b1.
Si une amélioration de la technologie a1 se produit, et si le
rapport b2/b1 reste constant, les deux utilités sont multipliées par a1α.
* *
Cependant la relation entre ai et bi
n’est pas à sens unique : il est logique de supposer que bi
croît
davantage dans le pays dont le ai a crû, et il se peut aussi que ai
croisse davantage dans le pays dont les entreprises sont mieux préparées à
utiliser l’innovation pour faire croître leur bi. Dans beaucoup de
domaines, la qualité de l’offre dépend en effet de la qualité des clients :
c’est notoire pour l’art, mais c’est vrai aussi pour l’innovation technique : le
premier micro-ordinateur a été inventé en France par François Gernelle en 1973 mais les Français n’ont pas su qu'en faire.
Par contre lorsque l’Altair a été commercialisé en kit aux Etats-Unis en 1974,
et malgré son caractère rudimentaire, il a passionné des « hobbyistes » qui ont
tout fait pour le perfectionner
(parmi ces « hobbyistes » se trouvait Bill Gates, alors âgé de 19 ans).
Supposons, pour refléter une situation souvent
constatée en pratique, que la réorganisation des entreprises utilisatrices
connaisse un retard systématique dans le petit pays, c’est-à-dire que b2
croisse moins que b1 lorsque a1 augmente. Il va en
résulter un retard dans la croissance du petit pays, voire même une baisse de
son utilité.
Posons les hypothèses
suivantes :
(a) a11 = a10 (1+ δ), avec δ
petit : a1 mesure l’efficacité de la production des TIC par le
grand pays, et sa variation déclenche tous les autres changements.
(b) b11 = b10 (1+ µδ), avec
0 <
µ <
1 (b1 mesure l’efficacité de la production du bien de consommation
dans le grand pays).
(c) b21 = b20 (1+ λµδ),
avec 0 <
λ <
1 (b2 mesure l’efficacité de la production du bien de consommation
par le petit pays ; sa variation est une fraction λ de la variation de b1).
Si λ = 1, b2 varie comme b1 lorsque a1 est
modifié ; si λ = 0, b2 ne varie pas.
Pour le grand pays, on trouve :
ΔU1/U1 = δ(α + μ)
Pour le petit pays, on trouve :
ΔU2/U2 = δ{α
+ μ [1 - (1
- λ)/β]}
=
ΔU1/U1 - δμ(1
- λ)/β
L’utilité relative du petit pays par rapport à celle
du grand pays diminue si λ < 1.La croissance de a1 entraîne
cependant une augmentation absolue de l’utilité du petit pays à condition que :
λ >
α(μ
- β)/μ
λ étant positif ou nul, cette inégalité sera toujours
vérifiée si μ < β ; si par contre μ > β, il existe pour λ un seuil au dessous
duquel l'augmentation de a1 aura pour effet de diminuer
absolument l’utilité de 2.
-
Si λ est inférieur à 1 (l'effet
d'une amélioration des TIC sur les entreprises qui produisent les biens de
consommation est plus fort dans le grand pays que dans le petit pays),
l’augmentation de l’utilité provoquée par l'amélioration des technologies est
plus faible dans le petit pays que dans le grand pays ;
-
Si μ est fort (l'amélioration des
TIC entraîne un fort accroissement de la productivité dans le secteur des
biens de consommation du grand pays) alors que λ est faible,
l'amélioration des TIC peut susciter un appauvrissement absolu
du petit pays.
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