J’ai reçu mon premier PC (un
IBM PC AT) en octobre 1987, alors que je travaillais au CNET (Centre
National d’Études des Télécommunications) à Issy-les-Moulineaux. Jusqu’alors
j’avais utilisé un terminal Scorpion relié au calculateur du centre pour écrire
(en Fortran) et faire tourner des programmes de calcul économique. Les
micro-ordinateurs étaient déjà répandus mais je n’en avais pas éprouvé le
besoin, jusqu’au jour où Alain Le Diberder, du BIPE, m’a montré comment il
utilisait Multiplan sur son PC. Séduit par la puissance et la simplicité de
l'outil, je me suis dit qu'il fallait m'y mettre.
Avoir sur son bureau non plus
un terminal, mais un ordinateur complet avec mémoire et processeur – alors
qu’auparavant je n’avais jamais pu toucher la machine – c’était
sensationnel mais intimidant. La disquette, qui permettait d’introduire de
nouveaux programmes ou de transférer des fichiers d’un PC à l’autre,
m’impressionnait. J’hésitais à l’utiliser car pénétrer dans l’ordinateur me
semblait proche du sacrilège.
Je trouvais les commandes de
MS-DOS compliquées et peu naturelles. Comment faire marcher, d'ailleurs, une
machine que je ne savais pas programmer ? Gérard Dubois m’éclaira quand il me
dit « Sur le PC, on utilise trois outils : le tableur, le traitement de texte et
le logiciel graphique » (à l’époque, il n’y avait pas au CNET de réseau local,
donc ni messagerie ni documentation électronique).
J’ai muni sur ses conseils mon
PC du traitement de texte Textor, du tableur Multiplan et d’un logiciel
graphique dont j’ai oublié le nom et que je n'ai pratiquement pas
utilisé. Programmer en Multiplan m’a conduit à abandonner la programmation en
Fortran (j’ai conservé le terminal pour utiliser mes anciens
programmes). Le traitement de texte me permit de soulager Claude Bernard, qui
jusqu’alors avait tapé mes manuscrits. En m'entraînant je suis peu à peu devenu un
dactylographe convenable.
En janvier 1989, j’ai quitté le
CNET pour créer avec d’autres ingénieurs Arcome, entreprise de conseil en
télécoms. Antoine Laurès était un spécialiste des réseaux locaux. Fervent du
Macintosh, il nous a convertis. Arcome a relié ses Macintosh par un réseau
local Appletalk. Nous avons ainsi découvert la messagerie, l’agenda partagé, le
transfert de fichiers et le partage des imprimantes. Nous avons suivi un cours
d’une demi-journée pour prendre en mains Excel. Chose étrange, il m’a été plus
facile d’admettre ces nouveautés-là que la disquette.
Cette réalisation nous a donné
de l’avance par rapport à nos clients et nous avons pu les conseiller en
connaissance de cause.
En février 1990 j’ai quitté
Arcome pour créer Eutelis, autre société de conseil. J’y ai installé un réseau
Ethernet pour relier les Mac. Un an après l’entreprise s’est mise au PC pour
pouvoir utiliser la même machine que ses clients. Philippe Penny, venu du CNET
comme directeur à Eutelis, nous a apporté son expertise en
bureautique communicante (ou « groupware »)
et nous a fait découvrir la gestion électronique de documents sous
Lotus Notes.
Nous avons pu ainsi expérimenter l’Intranet avant que ce terme n’existe.
En 1995, Eutelis a utilisé la
messagerie sur l’Internet et créé son site Web. En août 1998, j’ai créé
volle.com pour y publier mes travaux.
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