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Le Journal d'Orwell

9 août 2008

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Pour lire un peu plus :

- Animal Farm
- Essais, articles et lettres

- Journal d'Orwell
- Oeuvres de Guy Debord

Le site http://orwelldiaries.wordpress.com/ entame aujourd'hui la publication du journal que George Orwell a tenu à partir du 9 août 1938 jusqu'en 1942.

Chaque jour, nous pourrons ainsi lire ce qu'Orwell a écrit 70 ans avant. Il faut s'attendre à y trouver, comme dans tout journal, un mélange de choses triviales et de choses passionnantes, de détails sur la vie quotidienne, de réflexions sur l'époque, de pensées plus générales. Ce qu'il a noté pendant les premiers jours est plutôt trivial : il observe la météo, la végétation et les animaux qui vivent autour de lui... mais patience !

*     *

Orwell était un être tourmenté et courageux, divisé contre lui-même et d'une exigeante honnêteté. Il a suivi le cursus scolaire de la bonne bourgeoisie anglaise - mais comme ses parents étaient pauvres, il était considéré comme un élève de deuxième catégorie. Il a été policier en Birmanie - mais il ne supportait ni l'attitude des Britanniques envers les Birmans, ni celle des Birmans envers les Britanniques : douloureusement conscient du mensonge qu'enveloppe l'impérialisme, l'hostilité mesquine des Birmans envers quiconque était blanc l'exaspérait.

De retour en Grande-Bretagne, il ambitionne d'être écrivain mais, selon une ascèse qui rappelle celle de T. E. Lawrence, il vit dans une extrême pauvreté - un régime que sa santé supporte mal. Journaliste, il veut voir de près la guerre d'Espagne et, une fois sur place, il s'engage dans l'armée républicaine. Las : l'unité à laquelle il a adhéré un peu par hasard est bientôt la cible des staliniens, une guerre civile faisant rage chez les républicains. Pourchassé, il réussit à s'enfuir.

Cette expérience du totalitarisme le préservera de toute illusion envers l'URSS. Les fidèles de Staline ne le lui pardonneront pas. Ils n'aimeront pas Animal Farm et moins encore 1984. Caricatures malveillantes ! s'écrieront-ils. Hélas, Orwell avait cent fois raison...

*     *

Pourquoi sa personne, sa pensée semblent-elles aujourd'hui (comme celles de Victor Hugo et de Guy Debord) si fraternelles, si proches de nous ? Danserions-nous au bord d'un volcan, serions-nous près d'une guerre aussi cruelle que celle de 1939-1945 (voir Prédation et prédateurs) ? Respirons-nous une atmosphère empoisonnée de mensonges, "de gauche" et "de droite", comme ceux qu'Orwell détectait avec son flair infaillible ? Sommes-nous abrutis par des médias où abondent ces faits divers qui "font diversion", comme le disait Bourdieu ? Le monde conspire-t-il, pour détourner notre regard des horreurs véritables, à nous inspirer des horreurs factices (voir Pourquoi tant de Tibet ?) ?

Les textes des grands révoltés lucides de jadis - Les Châtiments de Hugo, les Commentaires sur la société du spectacle de Debord, les oeuvres d'Orwell - sont d'une actualité troublante, inquiétante, alarmante.

Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée.
(Victor Hugo, Les Châtiments)