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Paradoxe de l'innovation 
Le cerveau individuel est le lieu de naissance de 
toute idée véritablement nouvelle. Seul cet organe est capable, en relation 
dynamique avec son environnement, d’assurer la synthèse d’un édifice théorique 
depuis le choix des concepts qui structurent son langage jusqu’à l’énoncé des 
hypothèses qui les relient.  
Il arrive que la même 
idée naisse simultanément dans deux cerveaux différents parce qu’elle était dans 
« l’air du temps » : ce fut le cas de l’invention simultanée du calcul 
différentiel et intégral par Newton et par Leibniz, ainsi que de celle du 
téléphone par Graham Bell et Elisha Gray. Mais ils ne s’étaient pas concertés 
et, si leurs inventions furent simultanées, elles n’en étaient pas moins 
individuelles.  
Que devient l’idée 
nouvelle lorsque que son inventeur l’exprime ? Parfois elle est adoptée comme 
une évidence et bientôt elle deviendra banale. Le plus souvent – et surtout si 
elle implique des enjeux importants - elle sera considérée comme une 
incongruité, une erreur de jugement. Un silence réprobateur l’accueille et on se 
détourne de l’inventeur.  
Il en est souvent 
ainsi lorsque l’idée nouvelle  s’exprime dans une entreprise et, plus 
généralement, dans une institution. Toute institution est en effet soucieuse 
avant tout de stabilité. Son organisation est fragile, les savoirs qu’elle 
articule ont été définis de longue main, ses programmes de formation et 
processus de travail sont rodés. L’idée nouvelle perturberait cet agencement 
délicat. Elle est donc d’abord très naturellement rejetée, parfois avec 
violence. Malheur à l’innovateur.  
La créativité du 
cerveau individuel est donc confrontée à la résistance de l’institution. Cette 
confrontation a quelque chose de dramatique si l’on pense aux talents ainsi 
broyés – le talent de l’inventeur bien sûr, mais aussi celui des personnes, bien 
plus nombreuses, qui auront préféré bloquer leur cerveau pour ne pas prendre le 
risque de s’exposer à l’adversité.  
Cependant l’idée, 
aussi ingénieuse qu’elle soit, ne portera ses fruits que si elle est mise en 
œuvre par une institution. Le moteur à réaction, le TGV, le circuit intégré : 
ces idées ne pouvaient avoir de conséquences pratiques que si des institutions 
industrielles, commerciales, financières se mettaient en branle pour les 
réaliser. Ce qui est vrai pour l’évolution technique est vrai aussi pour les 
produits culturels : on peut toujours peindre, écrire, composer de la musique, 
mais cette activité individuelle restera stérile – et sans doute sera-t-elle 
découragée – s’il ne se trouve pas une galerie pour exposer, un éditeur pour 
publier, un orchestre pour interpréter les œuvres.  
Laissons les produits culturels pour revenir à 
l’entreprise. Les historiens qui ont décrit les origines de la machine à vapeur, 
du moteur à explosion, du moteur électrique, de l’informatique, de la 
commutation de paquets[1]
ont tous évoqué le même phénomène : l’idée qui se 
condense dans le cerveau d’un individu est dans un premier temps refusée par 
l’entreprise. L’armée française a longtemps refusé l’avion, AT&T le réseau de 
données, IBM la communication entre ordinateurs, France Télécom l’Internet etc.
 
Il est dans l’ordre 
des choses que l’entreprise ne comprenne pas l’inventeur. Ce qui est plus 
difficile à expliquer, c’est comment cette incompréhension finit par 
céder et pourquoi, malgré tout ce qui incite l’entreprise à rester identique 
à elle-même, il se produit des innovations et même beaucoup d’innovations. AT&T 
a fini par s’intéresser aux réseaux de données, IBM à la communication entre 
ordinateurs, France Télécom à l’Internet etc. 
Comment bascule 
l’opinion d’un dirigeant ? Comment se condense la décision d’un comité de 
direction ? Comment une proposition auparavant inaudible devient-elle une 
évidence ? Il faudrait, pour le décrire en détail, plonger dans la psychologie 
et la sociologie, et aussi dans ce Saint des Saints de la conscience où se 
délimite l’évidence.   
Nous ne considérerons ici qu’une des dimensions 
de l’innovation, la dimension économique : certes l’entreprise ne se réduit pas 
à la seule économie, mais c’est sur le terrain de l’économie que se tranche, en 
dernier ressort, l’évaluation de son efficacité ; et l’efficacité, c’est l’enjeu 
de l’entreprise[2], 
le ressort qui anime les phénomènes sociologiques dont elle est le théâtre.
 
Concurrence, monopole et 
régulation 
Il semble facile d’expliquer l’innovation par 
l’économie : « si l’entreprise innove, c’est parce que l’innovation procure du 
profit ». Nous verrons qu’il y a du vrai dans cette proposition banale, mais 
elle semble contredire les enseignements de la théorie économique – de cette 
partie de la théorie consacrée à la concurrence parfaite qui pèse si lourd dans 
les premières années de sciences éco, dans la spécification des modèles comme 
dans l’opinion des économistes, car ils ne prêtent pas tous une attention 
suffisante aux théories de la concurrence imparfaite[3].
 
Selon la théorie de 
la concurrence parfaite, l’équilibre qui s’instaure lorsqu’un marché est servi 
par de nombreuses entreprises et que de nouvelles entreprises peuvent y entrer 
librement est un équilibre à profit nul : s’il était possible d’y faire du 
profit de nouvelles entreprises y entreraient, l’offre augmenterait et le prix 
baisserait jusqu’à ce que le profit s’annule.   
Le profit étant nul, le prix est égal au coût de 
production. Or on démontre qu’à l’équilibre le coût de production est minimal. 
La concurrence parfaite apparaît donc comme la clé de l’efficacité, d’une 
efficacité tout entière au service du consommateur puisque le produit lui est 
proposé pour le prix le plus bas possible[4].
 
Il n’en serait pas de 
même si le marché considéré était non pas sous le régime de la concurrence 
parfaite, mais sous celui du monopole. Il n’y aurait alors sur le marché qu’une 
seule entreprise et bien sûr il n’y aurait pas de libre entrée. L’entreprise 
pourrait fixer le prix au niveau qui maximise son profit plutôt qu’au niveau le 
plus favorable au consommateur.  
C’est ce 
raisonnement, très simple, qui fonde les politiques en faveur de la 
concurrence.  « Le monopole, c’est mal ; la concurrence, c’est bien ». Il est 
vrai que les abus de monopole abondent dans l’histoire économique : de 
Rockefeller à Microsoft, de nombreux magnats ont fait de gros profits sur le dos 
des consommateurs. Les législations anti-monopolistes ne manquent donc pas de 
fondement.  
Toutefois lorsque le 
marché est sous le régime du « monopole naturel » - c’est-à-dire lorsque la 
fonction de coût du produit est telle qu’il est efficace qu’une seule entreprise 
assure la totalité de la production – il serait inefficace de s’opposer au 
monopole ; mais il faut alors contraindre l’entreprise, par la voie 
réglementaire, à partager avec les consommateurs les fruits de l’efficacité en 
pratiquant un prix raisonnable.  
Les plus libéraux des 
économistes reconnaissent la nécessité d’une réglementation mise en œuvre par un 
« régulateur ». Cette agence du gouvernement a pour mission (a) de contraindre 
les monopoles naturels à pratiquer un prix raisonnable, (b) de promouvoir la 
concurrence dans les secteurs où n’existe pas de monopole naturel, et d’éviter 
qu’un monopole de fait ne vienne s’y instaurer par des moyens frauduleux ou 
violents.  
Efficacité du monopole temporaire 
Mais ce raisonnement 
suppose que la définition des produits, ainsi que celles de la fonction de 
production et de la fonction de coût, soient pérennes. Or l’innovation introduit 
des produits nouveaux ou modifie la fonction de production des produits 
existants (innovation de procédé).  
Lorsqu’une entreprise innove, c’est pour rompre 
le cercle dans lequel l’enferme la concurrence. Si elle crée un produit nouveau, 
c’est pour bénéficier d’un monopole temporaire pendant le délai 
nécessaire aux concurrents pour réagir par une offre comparable, et réaliser sur 
ce produit un profit supérieur au profit normal, un surprofit. Si par une 
innovation de procédé elle réduit son coût de production, c’est encore pour 
réaliser un surprofit pendant le délai qui sera nécessaire aux concurrents pour 
adopter le nouveau procédé.  
Seule la perspective d’un surprofit explique 
que l’entreprise fasse l’effort pénible qui accompagne l’innovation : elle 
devra payer le coût de l’investissement, réorganiser ses usines et circuits de 
distribution, acquérir des compétences nouvelles, redéfinir les missions et 
contours des directions, et tout cela pour un résultat incertain. Pour 
récompenser cet effort, il faudra un surprofit élevé. 
Le surprofit dépend 
du délai pendant lequel l’entreprise pourra bénéficier du monopole temporaire. 
Si ce délai est trop court, le surprofit s’évanouit, l’effort de l’entreprise 
n’aura pas été payé de retour. Si ce délai est très long, le monopole n’est plus 
temporaire : l’innovation aura alors suscité un monopole durable.  
Supposons que le 
délai soit tout juste suffisant pour que le surprofit rémunère convenablement 
l’effort de l’entreprise. A la fin de ce délai, les concurrents auront riposté à 
l’innovation soit par une autre innovation, soit par l’imitation. Le profit sera 
revenu à son niveau normal. Le rapport qualité/prix du produit s’étant accru, le 
pouvoir d’achat du consommateur se sera accru d’autant. Le consommateur sera, 
en fin de compte, le bénéficiaire de l’innovation.  
Moteur de l'entreprise innovante 
Si le surprofit a 
convenablement rémunéré l’effort de l’entreprise, celle-ci sera incitée à 
innover de nouveau. Ainsi s’amorce le moteur de l’entreprise innovante. 
On peut le représenter par un schéma à quatre temps :  
  
Le caractère 
temporaire du monopole est essentiel au bon fonctionnement du moteur de 
l’innovation. Pour que le surprofit récompense l’innovation, il faut que 
l’entreprise bénéficie d’un monopole ; mais pour qu’elle soit incitée à innover 
de nouveau, il faut que celui-ci ne s’éternise pas. Si en effet l’entreprise 
bénéficiait d’un surprofit durable, pourquoi se donnerait-elle la peine 
d’innover de nouveau ? Un monopole durable fait d’elle une rentière : elle 
devient incapable d’évaluer les risques, donc de prendre le moindre risque.
 
Considérons une économie qui par les effets d’une 
réglementation bien conçue, d’un système de brevets bien pensé, ou de tout autre 
mécanisme favorable, garantisse aux entreprises innovantes le délai raisonnable 
pendant lequel elles pourront faire un surprofit. Alors s’amorce un type de 
croissance spécifique, fondé sur l’amélioration renouvelée des produits et/ou la 
baisse renouvelée des coûts de production. Le surprofit réalisé pendant un cycle 
finance l’effort d’innovation qui sera réalisé pendant le cycle suivant ; puis 
le bénéfice de l’innovation est, après chaque cycle, transféré aux consommateurs 
sous la forme d’une hausse de leur pouvoir d’achat.  
La plupart des modèles économiques de croissance[5]
postulent que la fonction de production et la nature 
des produits sont constantes. Si la fonction de coût est à rendement décroissant 
– hypothèse qui, au niveau macroéconomique, est vérifiée en raison de la hausse 
du prix des facteurs de production lorsque leur demande s’accroît – la 
croissance de la production s’aligne à terme sur celle de la population active, 
et la production par tête se stabilise.  
Pour échapper à une conclusion que l’expérience 
des XIXe et XXe siècles contredit trop visiblement, Solow 
a introduit le progrès technique comme un résidu et Romer a développé la théorie 
de la croissance endogène. Mais il ne semble pas que les économistes aient 
modélisé le moteur de l’entreprise innovante. Il ne fait pourtant que formaliser 
une expérience familière aux entrepreneurs, chercheurs et ingénieurs, même s'ils 
ne la formalisent pas 
Il est vrai que le 
cycle que parcourt ce moteur peut surprendre ceux qui sont habitués à raisonner 
sur une économie à l’équilibre. Lorsque ce moteur tourne, l’économie n’est pas à 
l’équilibre mais dans un déséquilibre dynamique qui propulse un régime de 
croissance endogène.  
Comment le moteur peut être 
bloqué 
L’un des apports du 
formalisme est de mettre en évidence les conditions sous lesquelles le modèle ne 
pourra pas fonctionner. Le cycle du moteur de l’entreprise innovante peut être 
rompu en deux points : alors il s’arrête.  
  
Supposons que 
l’entreprise ne parvienne pas à instaurer un monopole temporaire et à tirer un 
surprofit de son innovation. Alors elle n’a plus aucune raison d’innover. Cela 
peut se produire si, par exemple, le régulateur pousse trop loin le combat 
contre le monopole : il faut que le régulateur contienne sa force pour laisser 
l’entreprise innovante tirer de son effort un surprofit raisonnable.  
Supposons que 
l’entreprise parvienne à prolonger indéfiniment son monopole – et elle est 
naturellement encline à le faire, car cela accroît ses perspectives de profit 
pour un effort moindre. Le cycle sera désamorcé car l’entreprise sera tentée de 
se reposer sur ses lauriers 
Pour que l'économie puisse bénéficier du régime 
de croissance que l'innovation alimente, il faut
que le monopole temporaire dure assez 
longtemps, mais pas trop longtemps. La croissance endogène dépend 
essentiellement de ce délai, tout comme la puissance que dégage un moteur dépend 
de la position de l’accélérateur.  
Un petit modèle sans 
prétention - et certainement perfectible - permettra d’illustrer le propos.
 
Modèle de l’entreprise innovante 
Considérons une entreprise appartenant à un 
secteur où l’innovation est possible. Dans ce secteur, la prime de risque de 
l’exploitation courante est π. La prime de risque qui équilibrerait le risque de 
l’innovation est π’ > π. Le TRI[6]
d’un investissement courant dans ce secteur doit 
donc être au moins égal à i + π, en notant i le taux d’intérêt du marché 
monétaire. Le TRI d’une innovation doit être au moins égal à i + π’.  
Supposons que le coût de chaque innovation (coût 
de l’investissement plus coût de l’effort d’organisation) soit C et que chaque 
innovation puisse, tant que dure le monopole temporaire, rapporter rC par an. 
Supposons que la phase de monopole temporaire dure d et qu’à l’issue de cette 
phase l’innovation ne rapporte plus rien à l’entreprise[7].
 
Pour que l’innovation 
ait lieu, il faut que la VAN (valeur actuelle nette) de l’innovation pendant la 
durée d, en prenant pour taux d’actualisation i + π’, soit positive. Cette VAN 
est donnée par : 
VAN = rC[1 - 1/(1+ i 
+ π’)d]/(i + π’) - C 
Si d est trop court, 
la VAN est négative : l’entreprise ne peut donc pas innover. Si la VAN est 
positive, l’entreprise innove.  
Supposons que les actionnaires attendent que 
l’innovation apporte à l’entreprise une valeur supplémentaire dont ils ont fixé 
le montant[8].  
Si ce montant est supérieur à la VAN d’une innovation, l’entreprise devra 
réitérer l’innovation pour atteindre cet objectif. On vérifie que le rythme 
d’innovation est maximal lorsque d est minimal, et décroît lorsque d augmente.
 
Application numérique 
Supposons que i = 5 
%, π = 10 %, π’ = 20 %, C = 100, r = 40 %, et que le surcroît de valeur attendu 
par les actionnaires soit de 50.  
Le surprofit annuel 
est (r – i – π)C = 25. 
Selon la durée d du 
monopole temporaire, la VAN d’une innovation est : 
  
    
  
  
    | 
     
    d  | 
    
     
    VAN  | 
   
  
    | 
     
    1  | 
    
     
    -68  | 
   
  
    | 
     
    2  | 
    
     
    -42  | 
   
  
    | 
     
    3  | 
    
     
    -22  | 
   
  
    | 
     
    4  | 
    
     
    -6  | 
   
  
    | 
     
    5  | 
    
     
    8  | 
   
  
    | 
     
    6  | 
    
     
    18  | 
   
  
    | 
     
    7  | 
    
     
    26  | 
   
  
    | 
     
    8  | 
    
     
    33  | 
   
  
    | 
     
    9  | 
    
     
    39  | 
   
  
    | 
     
    10  | 
    
     
    43  | 
   
  
    | 
     
    11  | 
    
     
    46  | 
   
  
    | 
     
    12  | 
    
     
    49  | 
   
  
    | 
     
    13  | 
    
     
    51  | 
   
 
Il faut donc que la 
durée du monopole temporaire soit au moins de cinq ans pour que l’innovation 
puisse être envisagée. Si d atteint 13 ans, l’objectif en terme de VAN est 
dépassé avec une seule innovation.  
Supposons que l'entreprise lance une innovation 
nouvelle toutes les k années. La valeur ainsi créée est égale à :  
VAN totale = VAN/(1-(1/(1+ i + π’)k)) 
L’intervalle k 
nécessaire entre deux innovations pour que l’effort d’innovation dégage une VAN 
totale de 50 est d’autant plus faible que d est plus court. Si l’on estime le 
nombre N d’innovations par décennie en fonction de d, on trouve le tableau 
suivant :  
  
    
  
  
    | 
     
    d  | 
    
     
    N  | 
   
  
    | 
     
    1  | 
    
     
    0,0  | 
   
  
    | 
     
    2  | 
    
     
    0,0  | 
   
  
    | 
     
    3  | 
    
     
    0,0  | 
   
  
    | 
     
    4  | 
    
     
    0,0  | 
   
  
    | 
     
    5  | 
    
     
    13,6  | 
   
  
    | 
     
    6  | 
    
     
    5,0  | 
   
  
    | 
     
    7  | 
    
     
    3,0  | 
   
  
    | 
     
    8  | 
    
     
    2,1  | 
   
  
    | 
     
    9  | 
    
     
    1,5  | 
   
  
    | 
     
    10  | 
    
     
    1,1  | 
   
  
    | 
     
    11  | 
    
     
    0,9  | 
   
  
    | 
     
    12  | 
    
     
    0,6  | 
   
 
 
Le nombre d’innovations par décennie est maximal 
lorsque d = 5 ; il décroît lorsque la durée du monopole temporaire augmente :
 
 
 
Une fois terminée la période de monopole 
temporaire, le surprofit de l’entreprise disparaît en raison de la baisse du 
prix et le pouvoir d’achat des consommateurs augmente d’autant. Si le délai du 
monopole est de cinq ans, l’entreprise doit lancer une nouvelle innovation tous 
les 9 mois. Il en résulte que tous les 9 mois le surplus du consommateur 
s’accroît de 25, avec un retard de cinq ans sur la date de l’innovation. Si le 
délai du monopole est de six ans, l’augmentation du surplus se produit tous les 
deux ans, avec un retard de six ans sur la date de l’innovation.  
  
Le gain de pouvoir d’achat des consommateurs,
bénéficiaires ultimes des innovations, croît avec la 
fréquence de celles-ci. Il est maximal si le délai du monopole temporaire est le 
plus petit de ceux qui rendent positive la VAN d’une innovation.  
Bibliographie 
Stanley Fischer et Olivier Blanchard, Lectures 
on Macroeconomics, MIT Press 1989 
Michael D. Intriligator,
Mathematical Optimization and Economic Theory, Prentice-Hall 1971 
Paul Romer, "Endogeneous technical change", Journal of Political Economy, 
1990 
Robert Solow, "A contribution to the theory of economic growth", Quarterly 
Journal of Economics, 1956. 
Jean Tirole, The Theory of Industrial Organization, MIT Press 1988 
Michel Volle,
e-conomie, Economica 2000 
 
  [4]
  En fait, toute entreprise est la réalisation d’un 
  projet qui a fait l’objet d’anticipations incertaines ; le profit doit donc à 
  l’équilibre rémunérer le risque pris par l’investisseur. L’expression 
  « profit nul » est inexacte : il faudrait dire « profit normal », le profit 
  normal étant égal au taux d’intérêt sur le marché monétaire augmenté de la 
  « prime de risque » jugée nécessaire en raison des incertitudes propres au 
  projet considéré. Voir
  
  Valeur de l'entreprise. 
 
  [6]
  Taux de rentabilité interne (Return on 
  Investment, ou ROI) 
  [7]
  C’est là une hypothèse forte, faite pour 
  simplifier le raisonnement. En fait, l’entrée de la concurrence ramène le 
  rendement de l’innovation au taux normal i + π. 
 
                             |