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A la recherche de la stratégie

22 décembre 2004


Liens utiles

- A propos de stratégie
- Le compromis managérial
- Le massacre des innocents

- Recherche et pouvoir
- Le moteur de l'entreprise innovante
-
La gabegie

Lors du dernier dîner du club des maîtres d’ouvrage des systèmes d’information, après l’intervention de Claude Rochet, quelqu'un a posé la question suivante : « Comment se fait-il qu’il soit si difficile de mettre en place un système d’information, et que ce qui pourrait être fait en trois mois prenne trois ans ou plus ? Que la France, jadis à la tête de l’innovation, soit aujourd’hui dans le peloton de queue ? Que les décisions soient dictées plus par la mode que par le raisonnement ? »

« C’est, répondis-je, que la majorité des dirigeants de nos grandes entreprises sont non des stratèges, de véritables entrepreneurs, mais des mondains. Ils flottent en lévitation au dessus de l’entreprise dont ils ne considèrent que l’aspect financier. Privée de stratège, celle-ci n’a pas de stratégie. Or il faut une stratégie pour orienter le système d’information, la recherche etc. Ce que je dis là, je le précise, ne s’applique ni aux patrons de PME, qui font ce qu’ils peuvent, ni aux grands patrons du capitalisme familial qui, eux, gèrent attentivement leur patrimoine. »

Je sentis que je contrariais l’auditoire. Les dirigeants remplissent une fonction sacerdotale ; les critiquer, cela passe pour du mauvais esprit. Personne ne souhaite favoriser l'anarchie dans l'entreprise.

Par ailleurs le mot mondain a choqué. On aurait préféré sans doute l'expression « homme de pouvoir » que l'on croit plus flatteuse. Mais l'homme de pouvoir, quand il accapare la légitimité sans pour autant être un stratège, n'est-il pas en effet un mondain, une personne dont le principal souci est de gérer sa propre image dans le monde ?

S'il arrive que les propos de cantine soient excessifs, on aurait tort de négliger le témoignage qu'ils apportent. Que se dit-on entre collègues à la cantine, dans la plupart des entreprises ? Que les dirigeants passent leur temps à se lancer des peaux de banane, à défendre leur territoire ; qu'ils se neutralisent mutuellement ; qu'ils ne recherchent pas l'intérêt de l'entreprise, mais le succès de leur propre carrière etc. Ce comportement-là, c'est précisément celui des mondains.

Et s’il faut respecter la légitimité des dirigeants, ne doit-on pas savoir distinguer le mondain du stratège, comme Saint-Simon (1675-1755) savait distinguer le « plat courtisan » du « fidèle serviteur du Roi » ?

*  *

Le problème est masqué par l'écart entre langage et comportement. Beaucoup de dirigeants disent avoir besoin de compétences, mais ils font partir les salariés qui ont atteint l'âge de cinquante-cinq ans ; ils voudraient que les salariés prissent plus d’initiatives, mais ils saquent le premier qui ose en manifester ; ils disent le système d’information stratégique, mais ils ajournent les décisions qui permettraient de le structurer ; ils posent au décideur, mais ils appliquent la règle « pas de vagues ».

Je les connais bien. J'en ai conseillé plusieurs. J’ai travaillé dans des ministères et des directions générales d'entreprise. J'ai créé et animé des PME à haute densité de matière grise. J’ai rencontré ainsi quelques stratèges que je respecte beaucoup : mais, je le répète, les stratèges ne sont pas en majorité parmi les dirigeants des grandes entreprises, et d'ailleurs dans la lutte pour le pouvoir leur sérieux les handicape.

La plupart des grands pôles de légitimité étant ainsi parasités par des personnes qui n’ont rien à y faire, la paralysie s’étend. Comment enrayer cette épidémie ?

Du côté des dirigeants

Le côté de la finance

La stratégie retrouvée