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Comment savoir si ce qu'on lit est vrai ?

20 février 2007

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Pour lire un peu plus :

- Une guerre
- Affaires atomiques
- Des sujets interdits
- Noir Silence
- Révélation$
Un message que je condense ci-dessous m'a posé une question importante et je crois utile - une fois n'est pas coutume - de publier ma réponse, suivie d'un commentaire.

*     *

Message :

Vous avez commenté Des sujets interdits de Dominique Lorentz. Pourquoi y croyez-vous ? Qui vous dit que ce n'est pas qu'un tissu cohérent d'erreurs ?

Devant ce type de livre, je me pose toujours la même question : est-ce la vérité ou un amas de mensonges paranoïdes ? J'ai l'impression de jouer mon opinion à pile ou face ! 

Comment vous-y retrouvez-vous ? Impression personnelle, expérience, recoupement avec d'autres lectures, connaissances "introduites" auprès de milieux "autorisés" ?

Réponse :

Quand on lit un livre sur un sujet dont on n'a pas soi-même une expérience de première main, il faut s'en remettre à son flair : on n'aura jamais la preuve absolue - ni factuelle, ni déductive - de la véracité comme de la pertinence du propos.

Pour autant le lecteur expérimenté n'est pas désarmé : il est difficile de forger un mensonge cohérent de bout en bout et les ficelles qu'utilise un menteur sont visibles.

Les analyses de Mme Lorentz "sonnent vrai" à mon oreille et franchissent victorieusement le seuil de vraisemblance. Si elle a tort, il faut lui opposer une analyse d'une rigueur comparable ou supérieure. Je n'ai jusqu'à présent rien lu de tel et les critiques que j'ai entendues m'ont paru impertinentes. S'il faut choisir entre croire Edwy Plenel ou croire Dominique Lorentz, le choix est d'ailleurs vite fait !

Pour le moment, et jusqu'à preuve du contraire, je ne peux que donner raison à Mme Lorentz comme je donne raison, sur d'autres sujets et selon la même méthode, à Denis Robert et à François-Xavier Verschave.

Les sciences, dit Karl Popper, sont bâties sur des hypothèses provisoires et le caractère scientifique réside dans le fait que les hypothèses (1) n'aient pas été infirmées par l'expérience dans le passé, (2) puissent être infirmées par l'expérience dans le futur. Ne réclamons pas à une analyse géopolitique plus de certitude que ne peut en comporter la théorie scientifique !

Commentaire :

Certains croient manifester la profondeur de leur pensée en déniant toute portée à la notion de vérité. « Je ne sais pas ce que veut dire "vérité", je ne sais pas ce que veut dire "réalité" », disent-ils. Le mot « vérité » a cependant, dans la démarche scientifique qui a elle aussi modelé notre culture, un sens qui nous sert de référence fût-ce confusément.

M'inspirant des travaux de Popper, je distingue trois types de vérité : la vérité du monde, la vérité des faits, la vérité de la théorie.

1) La théorie permet, sauf si l'on commet une erreur, de déduire par un raisonnement certain les conséquences d'une hypothèse (les philosophes nomment cela « vérité apodictique »). Cependant la théorie ne dit rien sur la vérité de l'hypothèse, qui reste soumise au tribunal de l’expérience (toute théorie scientifique doit être « falsifiable »).

2) Le rapport d’un fait d’observation (durées et dates, distances et lieux, résultats de l'observation et de l'expérimentation) fournit, sauf tromperie, une vérité elle aussi certaine ; mais pour interpréter un tel fait il faut le situer dans un cadre théorique.

3) La vérité du monde, c'est d'être une réalité distincte de la personne qui la connaît. Cette vérité constitue un horizon qui recule à mesure que la connaissance avance d'hypothèse en hypothèse, d'expérience en expérience.

Si la vérité factuelle est absolue (dans le cadre de la science, personne ne peut dire que la Terre n’est pas approximativement sphérique, ni que la bataille de Waterloo n’a pas eu lieu le 18 juin 1815), elle ne comporte pas l’interprétation que seule la théorie propose ; et celle-ci, bâtie sur une induction qui généralise une expérience limitée et donc soumise à un contrôle expérimental toujours inachevé, est essentiellement hypothétique.

Par ailleurs, dans la richesse du monde, seuls se manifestent à notre attention les faits que nos concepts désignent : les ondes électromagnétiques existent depuis toujours mais les êtres humains ne les observent et les utilisent que depuis un peu plus d’un siècle.