Quelques
données
Voici un résumé de ce qu’on
lit dans Wikipédia à propos du
cycle du carbone. On
compte en gigatonnes (milliard de tonnes, noté Gt) :
- la biosphère émet 60 Gt/an (respiration des animaux, dont celle des êtres
humains) et en absorbe 62 (photosynthèse des plantes). Le solde est de - 2
Gt/an.
- les océans émettent 90 Gt/an et en absorbent 92. Le solde est de - 2 Gt/an.
- la consommation humaine d'énergie d'origine fossile émet 5 à 6 Gt/an.
- la déforestation émet 2 Gt/an.
- d'autres phénomènes (fossilisation, sédimentation) absorbent 0,4 Gt/an.
Le bilan
est donc le suivant : 157 Gt/an sont émises, 154 Gt/an absorbées. Le solde est de
3
Gt/an, soit 2 % des émissions.
Ce
déséquilibre est dû à la consommation des ressources fossiles accumulées (dont
le stock représente 37 millions de Gt) et à la destruction des forêts (stock de
2000 Gt). Il est à la fois faible (en pourcentage) et important, car d'une année
sur l'autre le surplus s'accumule. Le stock contenu dans l'atmosphère est de 750
Gt ; il s'accroît de 0,4 % par an - et si l'augmentation continue au même
rythme, il s'accroît donc de 40 % en 100 ans.
Leçons à
tirer
Toute activité animale, y
compris la respiration, émet du CO2.
Il est nécessaire aux plantes. Dans la biosphère, la sphère animale et la sphère
végétale sont ainsi en équilibre.
Ce qui pose problème n'est pas le fait que
du CO2 soit émis - il en faut - mais le fait qu'il existe un écart de 2 % entre
émission et absorption. C'est cet écart qu'il faut supprimer.
Mais j'ai lu les phrases
suivantes sous la plume d'un expert :
« Un livre coûte 20 euros pour 300 ou 400 grammes de papier, avec des émissions
associées de l'ordre de 200 grammes équivalent carbone, soit 10 grammes
équivalent carbone par euro de vente des livres ».
« Si la conversation suppose l'usage d'un téléphone ou de l’Internet, elle
engendre une consommation de ressources non renouvelables ».
« Un ordinateur portable = 300 kg de charbon ».
Ces phrases révoltent l'intuition, mais où
est l'erreur ?
Utiliser un ordinateur, lire un livre,
téléphoner, respirer, tout cela provoque une émission de CO2. Mais le
temps que l'on consacre à la lecture, à l'informatique, on ne l'aura pas passé à
conduire sa voiture. Il ne convient pas
de raisonner en se focalisant sur des valeurs absolues, mais en comparant des
scénarios.
L'automobile était le produit emblématique
de l'économie moderne. L'ordinateur est le produit emblématique de l'économie
contemporaine, celle qui s'est mise en place à partir de 1975. Produire un
ordinateur consomme comme toute activité du CO2. Mais la production
et l'utilisation de l'ordinateur consomment moins de CO2 que ne le
font la production et l'utilisation de l'automobile.
De même, il est insuffisant de dire que la
production d'un livre émet 200 grammes d'équivalent carbone : il faut comparer
cette émission, divisée par le nombre des heures de lecture, aux émissions que
provoqueraient d'autres activités.
Diaboliser l'émission de CO2
conduit à recommander la suppression de la vie animale - alors même que les
plantes ont besoin de CO2 !
Certains de ceux qui se réclament de
l'écologie vont jusqu'à dire qu'il se trouve trop d'êtres humains sur la Terre :
6 milliards d'individus, ce serait plus qu'elle ne peut supporter. Il faut donc
réduire ce nombre, disent-ils, ou bien il se réduira de lui-même par guerre,
massacre, épidémie etc.
Certes, la Terre ne pourra pas porter 6
milliards d'individus s'ils pratiquent tous l'american way of life. Mais
il n'est pas impossible de vivre de façon intelligente ! La lecture sur papier
ou sur écran procure plus de plaisir, coûte moins cher et émet moins de CO2
que la conduite automobile.
Une politique
Mon ami l'expert n'est pas un sot. Il sait
que les nombres que j'ai cités sont exacts. Ce qui nous sépare, ce n'est pas le
raisonnement : c'est la politique.
Mon ami l'expert souhaite que la population
se mobilise pour lutter contre l'effet de serre. A cette fin il exhibe une
équation qui relie croissance économique à la croissance de l'émission de CO2.
Quand je parle de "croissance intelligente", cela le contrarie : il craint que
ce point de vue ne démobilise les volontés, les gens se disant que la situation
n'est pas si grave que cela puisqu'il y a une solution.
Je crois qu'il se trompe. Quand on coince
une population en bouchant toutes les perspectives, elle s'affole et fait
n'importe quoi, suicide compris. Il faut au contraire, si l'on ferme une
perspective devenue impraticable, en ouvrir et en indiquer aussitôt une autre.
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