RECHERCHE :
Bienvenue sur le site de Michel VOLLE
Powered by picosearch  


Vous êtes libre de copier, distribuer et/ou modifier les documents de ce site, à la seule condition de citer la source.
 GNU Free Documentation License.

A propos des émissions de gaz carbonique

30 janvier 2008

Pour poster un commentaire


Pour lire un peu plus :

- Le cycle du carbone

- Vers la croissance qualitative
- Environnement et croissance
- A propos du "Parti de la décroissance"
- Ma vérité sur la planète

- L'avenir climatique
- Le plein, s'il vous plaît !
- Jean-Marc Jancovici et l'environnement

Quelques données

Voici un résumé de ce qu’on lit dans Wikipédia à propos du cycle du carbone. On compte en gigatonnes (milliard de tonnes, noté Gt) :
- la biosphère émet 60 Gt/an (respiration des animaux, dont celle des êtres humains) et en absorbe 62 (photosynthèse des plantes). Le solde est de - 2 Gt/an.
- les océans émettent 90 Gt/an et en absorbent 92. Le solde est de - 2 Gt/an.
- la consommation humaine d'énergie d'origine fossile émet 5 à 6 Gt/an. 
- la déforestation émet 2 Gt/an.
- d'autres phénomènes (fossilisation, sédimentation) absorbent 0,4 Gt/an.

Le bilan est donc le suivant : 157 Gt/an sont émises, 154 Gt/an absorbées. Le solde est de 3 Gt/an, soit 2 % des émissions.

Ce déséquilibre est dû à la consommation des ressources fossiles accumulées (dont le stock représente 37 millions de Gt) et à la destruction des forêts (stock de 2000 Gt). Il est à la fois faible (en pourcentage) et important, car d'une année sur l'autre le surplus s'accumule. Le stock contenu dans l'atmosphère est de 750 Gt ; il s'accroît de 0,4 % par an - et si l'augmentation continue au même rythme, il s'accroît donc de 40 % en 100 ans.

Leçons à tirer

Toute activité animale, y compris la respiration, émet du CO2. Il est nécessaire aux plantes. Dans la biosphère, la sphère animale et la sphère végétale sont ainsi en équilibre.

Ce qui pose problème n'est pas le fait que du CO2 soit émis - il en faut - mais le fait qu'il existe un écart de 2 % entre émission et absorption. C'est cet écart qu'il faut supprimer.

Mais j'ai lu les phrases suivantes sous la plume d'un expert :
« Un livre coûte 20 euros pour 300 ou 400 grammes de papier, avec des émissions associées de l'ordre de 200 grammes équivalent carbone, soit 10 grammes équivalent carbone par euro de vente des livres ».
« Si la conversation suppose l'usage d'un téléphone ou de l’Internet, elle engendre une consommation de ressources non renouvelables ».
« Un ordinateur portable = 300 kg de charbon ».

Ces phrases révoltent l'intuition, mais où est l'erreur ?

Utiliser un ordinateur, lire un livre, téléphoner, respirer, tout cela provoque une émission de CO2. Mais le temps que l'on consacre à la lecture, à l'informatique, on ne l'aura pas passé à conduire sa voiture. Il ne convient pas de raisonner en se focalisant sur des valeurs absolues, mais en comparant des scénarios.

L'automobile était le produit emblématique de l'économie moderne. L'ordinateur est le produit emblématique de l'économie contemporaine, celle qui s'est mise en place à partir de 1975. Produire un ordinateur consomme comme toute activité du CO2. Mais la production et l'utilisation de l'ordinateur consomment moins de CO2 que ne le font la production et l'utilisation de l'automobile.

De même, il est insuffisant de dire que la production d'un livre émet 200 grammes d'équivalent carbone : il faut comparer cette émission, divisée par le nombre des heures de lecture, aux émissions que provoqueraient d'autres activités.

Diaboliser l'émission de CO2 conduit à recommander la suppression de la vie animale - alors même que les plantes ont besoin de CO2 !

Certains de ceux qui se réclament de l'écologie vont jusqu'à dire qu'il se trouve trop d'êtres humains sur la Terre : 6 milliards d'individus, ce serait plus qu'elle ne peut supporter. Il faut donc réduire ce nombre, disent-ils, ou bien il se réduira de lui-même par guerre, massacre, épidémie etc.

Certes, la Terre ne pourra pas porter 6 milliards d'individus s'ils pratiquent tous l'american way of life. Mais il n'est pas impossible de vivre de façon intelligente ! La lecture sur papier ou sur écran procure plus de plaisir, coûte moins cher et émet moins de CO2 que la conduite automobile.

Une politique

Mon ami l'expert n'est pas un sot. Il sait que les nombres que j'ai cités sont exacts. Ce qui nous sépare, ce n'est pas le raisonnement : c'est la politique.

Mon ami l'expert souhaite que la population se mobilise pour lutter contre l'effet de serre. A cette fin il exhibe une équation qui relie croissance économique à la croissance de l'émission de CO2. Quand je parle de "croissance intelligente", cela le contrarie : il craint que ce point de vue ne démobilise les volontés, les gens se disant que la situation n'est pas si grave que cela puisqu'il y a une solution.

Je crois qu'il se trompe. Quand on coince une population en bouchant toutes les perspectives, elle s'affole et fait n'importe quoi, suicide compris. Il faut au contraire, si l'on ferme une perspective devenue impraticable, en ouvrir et en indiquer aussitôt une autre.