Enjeux du système d'information
15 décembre 2002
Enjeux
stratégiques du SI
On entend souvent
dire que le SI est "stratégique" pour l'entreprise. Cette expression
n'est pas fausse, mais elle est déplorablement floue : qu'entendons-nous
exactement par stratégie, que signifie l'expression "enjeu
stratégique" ?
Dans une entreprise,
la "stratégie" est le domaine du stratège, c'est-à-dire du
dirigeant ou du comité de
direction qui regroupe, autour du président et du directeur général, les
personnes placées à la tête des directions les plus importantes de
l'entreprise. Dire que le SI est "stratégique", c'est dire que les
décisions qui le concernent relèvent du dirigeant (voir "Le
système d'information et la stratégie de l'entreprise").
Le système d’information,
autrefois spécialisé dans quelques fonctions administratives, est désormais
présent dans toutes les parties de l’entreprise (on dit en anglais
qu’il est « pervasive ») un peu comme le réseau circulatoire ou
le réseau nerveux d'un corps humain. L'informatique est partout, elle est
devenue l'outil essentiel des activités de services, elles-mêmes majoritaires
dans l'emploi. Par ailleurs le SI est devenu le langage de l'entreprise :
son référentiel détermine la façon dont
l'entreprise va désigner sa propre organisation, le balisage de la carrière
des salariés, les produits, les segments de clientèle, les actes à réaliser
lors de la production. L'urbanisation du SI conduit
à définir les processus de travail, sa modélisation implique que l'on
définisse les composants et attributs qui vont alimenter les bases de données,
ainsi que les règles de synchronisme qui s'imposent entre les divers
processus.
Le SI apparaît alors comme un actif
de l'entreprise, parfois comme son actif essentiel (le système de réservation
Sabre, conçu par American Airlines, a pris plus de valeur que le transporteur
aérien lui-même ; Voir "Économie du système
d'information et urbanisation").
Enjeux opérationnels du SI
La qualité du SI conditionne la performance
opérationnelle de l'entreprise. En effet, l'informatique automatise ses
processus de production : enchaînement des activités, habilitations, tables
d'adressage, indicateurs de qualité sont fournis par les workflows.
Le travail de l'être humain est ainsi assisté
par l'automate, qui soulage l'effort mental de production (alors que la
machine, dans la phase historique antérieure du travail mécanisé, soulageait
l'effort physique de production). L'automate assiste non seulement les
étapes formalisées du travail, qu'équipe l'informatique conceptuelle
travaillant sur des données structurées, mais aussi des étapes non
formalisées qu'équipe l'informatique de
communication (messagerie, documentation électronique etc.)
Une des questions les plus délicates qui se
posent à l'entreprise est celle de la frontière de l'automatisation : que
doit-on automatiser ? quelle est la part du travail qu'il faut laisser à
l'être humain ? la réponse à cette question suppose une claire compréhension
de ce que sait faire l'automate, et de ce que sait faire l'être humain : à
l'automate, le calcul rapide, la mémoire parfaite, les outils de classement et
de recherche ; l'être humain sait, mieux que l'automate, comprendre, expliquer,
synthétiser, décider (voir "Evolution du
SI : du concept au processus")
Défis pour les SI d’aujourd’hui
Les systèmes d'information rencontrent aujourd'hui,
dans toutes les entreprises, des défis élevés :
Défis fonctionnels :
l'utilisation conjointe de divers canaux pour la relation avec les clients ou
les fournisseurs ("présentiel", courrier, téléphone, Internet)
impose une cohérence et oblige à concevoir la mise en oeuvre multimédia d'un
même système d'information. Par ailleurs, l'interopérabilité avec les SI des
partenaires suppose une bonne maîtrise des référentiels, car on ne peut pas
faire interopérer deux SI qui ne parlent pas le même langage, ou qui ne
disposent pas au moins d'une table de passage entre leurs langages.
Définition des ressources :
Faut-il employer des logiciels spécifiques, que l'entreprise fait développer
par une SSII, ou des progiciels comme les ERP fournis par SAP, PeopleSoft etc. ?
Le choix est parfois délicat. S'il est certain que le progiciel s'impose dans
certains cas (il serait absurde pour une entreprise de faire développer un
traitement de texte !), le spécifique s'impose pour certaines applications
"cœur de métier", trop complexes pour les ERP. Entre ces deux
extrêmes, le choix doit se faire au cas par cas.
Quelles sont les compétences en
informatique que l'entreprise doit posséder elle-même, et quelles sont celles
qu'elle doit rechercher auprès des SSII ? Seule une grande SSII peut
rentabiliser l'expertise d'un spécialiste pointu dans un domaine particulier de
l'informatique ; mais l'entreprise doit elle aussi posséder une compétence
élevée en informatique, ne serait-ce que pour pouvoir être un client
compétent des SSII, et pour bien maîtriser la conception de son propre
système d'information. La construction d'une maîtrise
d'ouvrage compétente apparaît ici comme une priorité.
Défis concernant
l'architecture : chacune des couches qui composent un SI pose des
problèmes de qualité spécifiques, qu'il s'agisse du référentiel,
des processus et composants, de l'informatique de communication ou des systèmes
d'aide à la décision. Un SI de qualité doit être "bon" dans
toutes les couches à la fois (cf. "Check-list du
SI").
|