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La folie du monde

31 octobre 2003


Liens utiles

- Honte
- Fierté
- A propos de l'antisémitisme
- Encore l'antisémitisme
- La réprobation

- Légitimité des ripostes ciblées

Ce qui se passe au Moyen-Orient est douloureux, pénible, honteux. Celui qui milite pour la paix - et pour le respect de l'Autre, condition nécessaire d'une paix durable - se fait tuer par des extrémistes : ainsi Ytshak Rabin, assassiné le 4 novembre 1995 par un extrémiste juif.

Après quoi il ne reste plus que des fous et leur folie : ceux qui rêvent de rayer Israël de la carte et incitent leurs enfants à un prétendu « martyre » ; ceux qui rêvent d'un « grand Israël » dominant la région par la force ; ceux que le mot « paix » écoeure ; ceux qui prétendent que leur camp est l'incarnation du Bien pour inviter à détruire l'Autre, sûr indice d’une inspiration diabolique.

Formulez-vous une opinion ? « Antisémite ! », vous crie-t-on, « Arabophobe ! », « Antiaméricain ! », « Raciste ! ». Dans ce monde fou, l'équilibre des insultes semble la seule forme d'équilibre qui subsiste.

La cible est qualifiée de « crapule », d'« intello bien-pensant qui se masturbe »,  de « soixante-huitard attardé ». Elle appartient à la « gauche caviar » du « Landerneau parisien », c'est un « lâche » qui n'a « pas de couilles », un « traître » aux propos « nauséabonds ».

Ces insultes, qui visent souvent le physique, rappellent celles adressées par le juge Freisler au maréchal von Witzleben lors du procès après l’attentat contre Hitler du 20 juillet 1944, celles de Charles Maurras quand il recommandait de fusiller Léon Blum « dans le dos »[1], ou encore les qualificatifs utilisés par les staliniens envers les « vipères lubriques ».

Rien ne sert d'argumenter avec qui s’entête, pour vous détruire, à vous attribuer une opinion qui n'a jamais été la vôtre. Pour conserver sa sérénité il faut se rappeler que les vraies victimes ne sont pas ceux qui se font insulter mais ceux qui se font maltraiter et assassiner, ainsi que leurs proches : les juifs martyrisés par les nazis, les morts du World Trade Center, les prisonniers « hors droits » de Guantánamo,  les juifs que la loi du 3 octobre 1940 a spoliés de leurs droits, les Algériens massacrés par la police parisienne le 17 octobre 1961, les victimes israéliennes, palestiniennes, américaines, irakiennes etc. des attentats, guerres et dictatures.

Nous sommes leurs frères, tout comme nous sommes les frères des politiques, magistrats, militaires, policiers et gardiens de prison qui savent user de la force avec discernement, respecter l’être humain dans l’Autre, ne pas abuser lâchement de leur position. L’honneur de nos armes a été défendu pendant la guerre d’Algérie par Paris de Bollardière alors qu'il était violé par d’autres généraux. Il est violé tous les jours sous les prétextes fallacieux du « réalisme » ou de l’« efficacité ». Il n'en reste pas moins impératif.

Il faut répondre avec retenue à celui qui nous insulte : c’est la moindre des choses que nous puissions faire pour contrebalancer la folie du monde.  


[1] Charles Maurras, éditorial de L’Action Française, 9 avril 1935.