Pour voir comment
s'articulent la pensée et l'action, nous commencerons par la personne parce
que comme chacun pense et agit, il suffit de s'examiner pour voir comment cela
fonctionne. Nous allons ouvrir la charnière, identifier ses éléments puis
reconstituer sa dynamique, un peu comme l'on fait pour comprendre un moteur à
explosion : après avoir examiné séparément le fonctionnement des pistons,
soupapes et bougies, il faut se représenter leur interaction.
L'analogie mécanique ci-dessus contrariera ceux
qui estiment que la pensée et l'action ne se réduisent pas à un mécanisme. Ils
ont raison, car à la source comme à l'horizon de notre action et de notre pensée
se trouvent une volonté et des valeurs qu’un mécanisme ne décrit pas (voir « Reconstruire les
valeurs »). Toutefois ce n'est pas de ces valeurs que nous
entendons parler ici, ni de cette volonté, mais seulement de la façon dont elles
sont mises en œuvre : et dans l'examen d'une mise en oeuvre l'analogie mécanique
n'est pas déplacée.
En décortiquant un fonctionnement qui semble
simple, nous procéderons comme les physiologistes qui, pour analyser le parcours
de l’influx nerveux, décrivent des phénomènes électriques et chimiques dans les
neurones et les synapses.
Boucle de l'action
Nous appellerons « monde extérieur » la réalité
de la nature physique, biologique, sociale et humaine qui, nous entourant, agit
sur nous et subit notre action ; nous la distinguerons du « monde intérieur » de
nos idées, réflexions, représentations, raisonnements et décisions.
Le « monde extérieur » produit des événements
: quelqu'un nous parle ; nous recevons une lettre ; un client entre dans notre
magasin ; pendant que nous sommes en train de conduire, nous arrivons à un
virage ou à un feu rouge ; une machine tombe en panne ; à la chasse, un sanglier
débouche devant nous etc.
L'événement appartient au monde extérieur mais
suscite en nous une expérience qui est son image dans le monde intérieur[1].
A l'état brut, l’expérience est informe : le tout petit enfant perçoit des zones
colorées, des mouvements et des sons parmi lesquels il ne peut distinguer que le
visage et la voix de sa mère. Notre développement mental nous a dotés d’un
discernement plus ou moins délié : dans une forêt, celui qui ne connaît pas
la botanique voit « des arbres », celui qui en sait un peu plus voit « des
bouleaux, des mélèzes, des hêtres ». Le discernement délimite notre
perception de l'expérience : nous ne percevons que ce que nous savons
discerner, pour le reste nous sommes comme de tout petits enfants.
Le discernement s'appuie sur une grille
conceptuelle, sur les concepts dont nous nous sommes équipés pour classer et
séparer les éléments de l'expérience. Apprendre à piloter un avion, c'est
d’abord acquérir les concepts qui conviennent au pilotage. Celui qui n'a pas
appris à piloter ne sait discerner ni les signaux du tableau de bord, ni ce qui
apparaît par les vitres du cockpit, ni les commandes.
La grille conceptuelle fournit à l’action le
langage selon lequel elle peut être pensée, concertée et décidée. Sans ce
langage, l’action est soit impossible, soit désordonnée. La grille conceptuelle
est essentiellement pratique (orientée vers l’action) et non, comme on le
croit souvent, intellectuelle. Sa qualité s’évalue en termes de pertinence
(adéquation à l’action) et, si elle doit obéir à des règles logiques, le respect
formel de ces règles ne suffit pas à garantir la pertinence des concepts[2].
Pour pouvoir agir il ne suffit pas de percevoir :
il faut encore comprendre. Le conducteur d'une voiture perçoit un feu
rouge ; il doit prolonger cette perception en la reliant à une hypothèse causale
: « ce feu rouge a été allumé pour indiquer qu'il fallait que je m'arrête ». Et
pour que nous puissions associer des hypothèses causales aux concepts, il faut
que nous soyons équipés d'un modèle, réseau de relations de causalité que
nous postulons entre les concepts.
La compréhension n'est pas toujours instantanée :
certains modèles comportant des paramètres, il faut les alimenter et cela prend du temps. Ainsi le médecin, avant de poser un diagnostic, évalue sur le
patient quelques paramètres par l'observation ou la mesure (poids, tension,
température etc.) et il fait les raisonnements nécessaires pour trier entre
diverses possibilités. La compréhension peut donc exiger un raisonnement : mais
ce raisonnement, intervenant dans l'utilisation d’un modèle, n'est pas de même
nature que celui qui est nécessaire pour construire un modèle et sur lequel
nous reviendrons.
Parfois la compréhension est rapide. Lorsque son
adversaire est mal équilibré, le judoka expérimenté place sa prise en une
fraction de seconde, selon une action réflexe qui n’implique que la moelle
épinière et à laquelle il s'est préparé par des exercices répétés. De même,
certaines personnes sont dotées du « coup d'œil » qui leur permet de faire
fonctionner vite, et avec une grande sûreté, le discernement et le raisonnement.
Le « coup d'œil », comme le réflexe du judoka, se forme par l'entraînement, une
étude assidue et des exercices répétés. Il y faut aussi un talent qui n'est pas
accordé à tous[3].
Ayant compris, nous pouvons décider ce que
nous allons faire : « on m’a dit qu’il fallait que je m'arrête, se dit le
conducteur, je décide de m'arrêter ». Enfin après la décision vient l'action
qui va produire, en réponse à l'événement du monde extérieur, un autre événement
du monde extérieur : « j'appuie sur le frein » et, si la mécanique est fidèle,
la voiture s'arrête (ne rien faire serait encore agir, mais par abstention[4]).
Telle est la boucle selon laquelle fonctionne
notre relation avec le monde extérieur : événement - expérience - perception -
compréhension - décision - action. L'action répond à un événement en créant un
autre événement.
Cette boucle tourne vite. Pour la décrire nous
avons dû l'immobiliser, de même que l'on immobilise mentalement un moteur. Il
faut en outre, pour concevoir son fonctionnement, se représenter sa dynamique.
Cette dynamique comporte de nombreuses variantes.
Dans la boucle élémentaire que nous avons décrite un événement du monde
extérieur suscite, en réponse, une action qui produit un autre événement dans le
monde extérieur. Mais parfois l’action, fondée sur une anticipation de ses
conséquences, provoque le premier événement pour susciter une réponse du monde
extérieur. Dans d’autre cas l’action suppose l’enchaînement de plusieurs
opérations : elle progresse alors par étapes, chacune se concluant par une
action intermédiaire. Il arrive aussi que l’initiative de l’action appartienne à
une personne et sa réalisation effective à une autre.
Se préparer à l’action demande une gestion de
soi, la mise en œuvre de certains procédés de pensée[5]
et un investissement. Ainsi se construit l’intelligence qui est moins un
talent inné qu’une maîtrise patiemment acquise de la charnière.
La gestion de soi
L’action est sujette à des pathologies. Les
psychologues ont donné des noms évocateurs à certaines d’entre elles, que l'on
rencontre dans la vie personnelle comme dans l’entreprise[6] :
« escalade d’engagement », « dépense gâchée », « piège abscons » etc.
La boucle de l’action peut se rompre dans chacune
de ses étapes : une personne, ayant décidé, peut ne pas agir ; ayant compris, ne
pas décider ; ayant perçu, ne pas comprendre ; ayant vu, ne pas percevoir.
Lorsque la volonté se dégrade en velléité, le passage de la décision à
l’action est coupé. L’action est inhibée si c'est le passage de la
compréhension à la décision qui est coupé. La longueur d’un enchaînement
d’actions intermédiaires peut fait oublier son but final : alors l’action,
dégradée en activisme, tourne à vide. Elle se dégrade enfin en
volontarisme lorsque, rigidement liée à un modèle, elle veut ignorer
l’expérience.
La grille conceptuelle équipe notre discernement
mais aussi elle le limite ; elle nous emprisonne autant qu’elle nous outille.
Nous ne pouvons pas discerner les événements qu’elle ne sait pas accueillir car
ils se trouvent dans la « tache
aveugle » de notre intellect. Lorsqu’un tel événement se produit nous le
voyons sous une forme trop vague pour pouvoir faire jouer notre discernement,
comme un tout petit enfant qui ne voit que des taches colorées. Souvent nous
préférerons alors le juger sans importance et, s’il se manifeste avec
insistance, nous nous en détournerons avec agacement. L’une des clés de la
sagesse, c’est de considérer cet agacement comme un signal d’alarme en se
disant : « si cet événement m’exaspère, il s’agit peut-être de quelque chose
d’important » pour y regarder de plus près. Alors s’amorce le travail qui peut
nous permettre d’enrichir notre grille conceptuelle, de sortir de la prison
mentale qu’elle délimite.
Une deuxième clé de la sagesse, c'est de gérer
les associations d'idées qui se forment continuellement, spontanément,
dans notre esprit selon le réseau des connotations qui relient
les mots et font la richesse suggestive du langage naturel. Les associations d'idées sont,
comme les mutations génétiques, souvent inefficaces ou nocives et en aucun cas
elles ne peuvent servir d'étape à un raisonnement ; cependant certaines d'entre
elles sont fécondes : il faut savoir conserver celles-ci et éliminer les autres.
Nous ne disposons pas d’un seul modèle, mais de
plusieurs : pour conduire notre voiture, pour faire la cuisine, pour la
conversation, pour utiliser l’ordinateur etc. Nous passons de l’un à l’autre
selon la situation mais ce passage n’est pas immédiat : nous restons, pendant un
délai, mentalement englués dans le modèle précédent. L’informaticien qui a passé
une journée à programmer se trouve, le soir venu, incapable de lire le texte en
langage naturel que lui propose un journal ; le mathématicien ou le joueur
d’échec, fascinés par un agencement compliqué d’abstractions simples, doivent se
secouer pour percevoir les êtres humains qui les entourent et entendre ce qu’on
leur dit.
Une troisième clé de la sagesse
consiste à associer, à la concentration, à l’enfermement dans la grille
conceptuelle et le modèle, la vigilance qui maintient l’esprit attentif,
disponible, à ce qui survient dans le monde extérieur : la conduite automobile,
activité routinière, doit comporter en « tache de fond » la vigilance qui
permettra de réagir vite en cas d’incident imprévu, de passer souplement et sans
délai d'un modèle à l'autre.
L'investissement dans la pensée
A l'intérieur de la boucle rapide de l'action
tourne la boucle plus lente de la réflexion : c'est l'investissement qui
nous équipe en grilles conceptuelles et en modèles, les uns et les autres
adaptés à notre expérience. Si nous ne sommes pas bloqués par la fatigue ou par
la conviction de détenir la vérité, cet investissement se poursuivra pendant
toute notre vie.
L'action répétée procure l'expérience de
l'expérience : nous y reconnaissons des structures qui se répètent, des
« patterns ». Cela nous incite à enrichir ou corriger notre grille conceptuelle
pour mieux discerner ce que nous percevons, à corriger ou à créer des modèles
pour mieux comprendre et mieux agir.
La grille conceptuelle doit bien sûr respecter
des contraintes formelles, logiques, mais comme il existe une infinité de
grilles qui les respectent ces contraintes ne suffisent pas pour la déterminer.
La qualité de la grille conceptuelle s’évaluera alors, avons-nous dit, selon le
critère de pertinence, d’adéquation à l’action. Pour la construire, il
faut d’abord s’interroger sur le but que l’on vise, sur l’action que l’on entend
accomplir.
« Qu’est-ce que je veux faire ? » :
c’est à partir de cette question que l’on peut définir des concepts pertinents.
Leur pertinence sera relative à cette action-là, à cette volonté-là. La
comparaison entre deux grilles conceptuelles est le plus souvent, sous une
apparence logique et sémantique, la confrontation de deux volontés, de deux
projets d’action différents. Cette confrontation elle-même ne peut être lucide
que si l’on remonte aux valeurs qui fondent cette
volonté.
Rôle de la métaphysique
Quand
on dit « mieux discerner », « mieux comprendre », « mieux agir », de quel
« mieux » s’agit-il ? Ou, en parlant comme l’économiste, quelle est la
fonction objectif que l’on cherche à maximiser ? Pour expliciter cette
fonction, il faut considérer les valeurs que l’on
entend servir. Or ces valeurs sont extérieures à l’action[7],
tout comme en économie la fonction d’utilité du consommateur est extérieure à
l’échange qu’elle conditionne.
La métaphysique est consacrée à l’élucidation des valeurs, et donc elle
éclaire leurs
pathologies[8].
Les valeurs ne sont pas en effet strictement personnelles. Nous les héritons
de notre éducation, de notre formation, de la culture dans laquelle nous
sommes immergés. Or un tel héritage est trop composite pour être cohérent ; et si nous
poursuivons des valeurs incohérentes, notre vie sera désordonnée jusque dans
sa racine.
L'incohérence des valeurs que porte notre culture est révélée par les
« injonctions contradictoires » qu'elle nous adresse et qui, si nous ne les
dominons pas, nous mènent à la folie. Tu dois être réaliste, mais les médias
t’incitent à te complaire dans l’imaginaire ; tu ne dois pas être violent,
mais l'agressivité est signe d’énergie ; dans l’entreprise, on t’enjoint
d’être à la fois discipliné et rebelle, soumis et créatif : comme si c’était
possible !
S’il
est vrai qu’il faut, selon les circonstances, adopter des attitudes
différentes – être en général paisible, mais savoir être violent si nécessaire
– ce n’est pas à cette sage souplesse que nous invitent ces injonctions :
elles nous confrontent à des règles qui, étant érigées chacune en absolu, sont
incompatibles. Il ne s’agit pas de « contradictions » dialectiques, d’aspects
différents d’une même réalité qu’une synthèse pourrait assumer, mais d’incohérences
qui détruisent à la fois la pensée, l’action et les valeurs elles-mêmes.
Élucider les valeurs, c’est repérer les incohérences que comporte leur
architecture, prendre conscience de la diversité de leurs origines pour
remonter à leurs principes, les élaguer des considérations secondaires qui les
encombrent, les reconstruire enfin pour conférer leur sens et à l’action, et à
la pensée. Cette élucidation, c'est la tâche de la métaphysique.
Il est difficile de faire évoluer la grille
conceptuelle car la grille ancienne est gravée dans les habitudes. La formation
y contribue, créant peu à peu de nouvelles habitudes. L'émotion y contribue
davantage encore : l'événement qui suscite une émotion se grave dans la mémoire,
ainsi que les concepts qui permettent de le discerner. Pour faire évoluer sa
grille conceptuelle, il faut savoir gérer et ses émotions, et sa mémoire[9],
pour sélectionner les éléments que l'on souhaite y introduire. Certaines personnes en
sont incapables : leur grille conceptuelle évoluera au hasard des émotions que
suscitent les événements, leur pensée sera désordonnée, leur action erratique.
Chacun s’équipe d’une panoplie de modèles. Pour
les faire évoluer il faut postuler des relations causales, les tester (au moins
par simulation mentale), les rejeter pour en choisir d'autres etc. jusqu'à ce
que l'on soit parvenu à un modèle jugé satisfaisant en regard des exigences
pratiques de la volonté et de l’action (ce qui implique de respecter les
exigences formelles de la cohérence). Apprendre à lire, à écrire, à compter, à
conduire une voiture, à faire la cuisine, à parler une langue, à programmer un
ordinateur, c’est acquérir autant de modèles. A cet apprentissage s’ajoute le
dressage des réflexes, des habitudes, qui permet de court-circuiter les étapes
du raisonnement pour agir plus vite et plus sûrement : l’intuition du
mathématicien exercé lui fait percevoir la démonstration au moment même où il
découvre l’énoncé d’un problème ; de même, l’expression de notre pensée en
paroles, phénomène des plus complexes, se fait dans l’instant et le plus souvent
sans grand effort.
Il est déplorable que des mots comme « concept »
ou « modèle » soient en pratique réservés à la démarche professionnelle du
chercheur alors qu’ils désignent des choses que chacun fait tous les jours. En
les considérant comme des choses abstraites, élevées, difficiles, on perd de vue
le fonctionnement de sa propre pensée et on prend le risque de l’abandonner à
des pathologies. Les concepts, comme les modèles, n’ont pas d’autre but que
d’équiper notre action, de servir notre volonté, d’incarner nos valeurs dans le
monde ; ce sont des outils pratiques, orientés vers l’action, et non des
objets de pensée destinés à la seule contemplation. Il est vrai que la longueur
de leur élaboration, ainsi que le délai qui sépare l’investissement de la mise
en œuvre, font qu’ils semblent parfois éloignés et comme détachés de l’action ;
mais c’est là une illusion.
L'expérience nous confronte parfois à une
situation imprévue face à laquelle il faut construire un modèle nouveau. Comme
le monde ne se réduit ni à un modèle, ni à la combinaison d’un nombre quelconque
de modèles, de telles surprises sont inévitables. Ou bien l'on dispose d'un
méta-modèle à partir duquel on pourra, par paramétrage et tri, construire
rapidement le nouveau modèle adapté à cette situation ; ou bien il faut
construire entièrement le nouveau modèle et cela peut prendre des semaines, des
mois, des années, délai pendant lequel l’action restera maladroite. La sagesse,
avons-nous dit, réside dans l’aptitude à passer souplement d’un modèle à l’autre
pour répondre aux exigences de la situation ; elle suppose aussi - et c'est la
quatrième clé de la sagesse - d’investir dans la maîtrise du méta-modèle, du
modèle des modèles, pour abréger le délai nécessaire à la mise au point d’un
modèle nouveau.
La charnière
dans l'entreprise
[1]
Il ne convient pas de réserver le mot « expérience » au laboratoire où l'on
effectue des « expériences contrôlées » pour poser des questions à la nature :
le monde extérieur nous envoie, sans que nous lui posions de question, des
événements qui se reflètent dans notre expérience et qui sollicitent notre
action.
[3]
« Rien de plus juste que le coup d’œil de M. de Luxembourg, rien de plus
brillant, de plus avisé, de plus prévoyant que lui devant les ennemis, ou un
jour de bataille, avec une audace, une flatterie, et en même temps un
sang-froid qui lui laissait tout voir et tout prévoir au milieu du plus grand
feu et du danger du succès le plus imminent ; et c’était là où il était grand.
Pour le reste, la paresse même. » (Saint-Simon (1675-1755), Mémoires,
Gallimard 1983, vol. I p. 207. (NB : La langue de Saint-Simon n’est pas
exactement la nôtre ; il faut traduire ici « flatterie » par « assurance » et
« danger du succès » par « risque »).
[4]
« Le suicide est encore un acte » (Maurice Blondel (1861-1949), L’action
(1893) p. VIII.)
[5]
La philosophie chinoise précise ces procédés de pensée : le sage est
« disponible », « souple », « ouvert » ; il maîtrise les grilles
conceptuelles, les modèles, sans se laisser emprisonner par aucun (voir « Qu'est-ce
qu'un sage ? »).
[6]
Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvais, Petit traité de manipulation à
l’usage des honnêtes gens, Presses Universitaires de Grenoble 2002.
[7]
Les valeurs d’efficacité, d’élégance, de rapidité etc. sont elles aussi
extérieures à l’action, même si elles s’y appliquent immédiatement.
[8]
S’il arrive à la philosophie d’aggraver la confusion des valeurs et donc de
trahir sa mission, cela ne modifie en rien celle-ci : seul le rappel de la
mission permet de dénoncer une trahison.
[9]
Frances A. Yates,
The Art of Memory, Pimlico 1992 ;
Larry R. Squire et Eric R. Kandel, Memory, From Mind to Molecules,
Scientific American Library 1999 ; Mary Carruthers, Machina memorialis,
Gallimard 2002.
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