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La charnière dans l’entreprise

29 novembre 2003


Liens utiles

- Vers la charnière
- Articuler la pensée et l'action
- La charnière dans la personne
- Qu'est-ce qu'une entreprise ?
- Approche du SI par les processus
- Comment concevoir un référentiel
- Mettre en place une administration des données
- Modélisation et SI

Pouvons-nous, pour comprendre l’entreprise, utiliser ce que nous avons appris sur la charnière dans la personne ? A priori, il semble que non : une entreprise n’est pas une personne : elle regroupe un ensemble de personnes, de contrats, d’équipements, qui la situent à l’intersection de divers réseaux sociologiques, juridiques, physiques, économiques etc.

Cependant ceux que le nomadisme de la carrière a conduit à travailler dans plusieurs entreprises constatent que chacune a sa personnalité propre, tout comme un voyageur perçoit la personnalité d’une ville ou d’un pays. Pour désigner cette personnalité on utilise deux expressions concernant l’une la face interne, l’autre la face externe de l’entreprise : la « culture d’entreprise » désigne les valeurs professionnelles partagées par les personnels et la tonalité des rapports humains ; le « positionnement » désigne la place que l’entreprise occupe sur le marché, sa relation avec les divers segments de sa clientèle, avec ses fournisseurs, sa situation par rapport à ses concurrents.

L’entreprise est ainsi dotée d’une individualité qui la circonscrit. Elle est en rapport avec un « monde extérieur » ou son action suscite des événements. Elle élabore cette action dans le « monde intérieur » de l’organisation et du processus de production.

Tout comme l’action de l’individu, celle de l’entreprise peut être réactive (réponse à un événement du monde extérieur) ou proactive (initiative qui crée l’événement en anticipant la réponse du monde extérieur). Elle suppose la mise en œuvre de concepts et de modèles. Les mots « gestion » et « investissement » s’y appliquent évidemment, désignant l’un les actions courantes, l’autre les actions différées.

L’entreprise est le lieu où le travail des êtres humains s’organise afin d’agir sur la nature pour produire des résultats utiles (voir « Qu’est-ce qu’une entreprise ? »). La succession des tâches s’organise selon un processus (voir « Approche du système d'information par les processus ») pour aboutir à l’action sur le monde extérieur :

Tout comme celle de la personne, l’action de l’entreprise peut comporter des délais ; ainsi par exemple une entreprise industrielle alimente un stock en mobilisant les facteurs nécessaires selon un programme de production résultant d’une anticipation de la demande, elle-même fondée sur l’analyse statistique du flux des commandes :

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Pour décrire la façon dont l'entreprise articule la pensée et l'action, nous indiquerons ci-dessous des liens qui renvoient vers des travaux antérieurs.

L'organisation moderne de l'entreprise a commencé à prendre forme dans les années 1880 (voir « Évolution du rôle du système d’information : du concept au processus  »). Alors que le langage, les concepts et les modèles qu'utilisent un individu résident dans sa tête, l'organisation de l'entreprise, son langage, ses concepts, ses modèles, ses processus résident dans son système d'information : le SI est le lieu où se condense le langage de l'entreprise. Les concepts qui ne sont pas définis par le système d'information se trouvent dans la « tache aveugle » de l'entreprise : les individus qui la composent ne peuvent pas les utiliser ; plus précisément s'ils peuvent les utiliser pour leur réflexion individuelle ils ne peuvent pas les partager, les faire circuler dans l'entreprise.

Supposez qu'une personne de l'entreprise s'avise d'utiliser, pour son usage personnel, un référentiel des produits ou de l'organisation différent de celui qui réside dans le SI. Personne ne comprendra ce qu'elle veut dire ; l'écart entre ce référentiel personnel et le langage de l'entreprise introduira de la confusion jusque dans ses idées, et si cette personne ne réussit pas à faire modifier le référentiel du SI elle finira par renoncer à son référentiel personnel, même s'il est plus pertinent que celui de l'entreprise.

Le référentiel du SI délimite le langage de l'entreprise, ce que l'on peut y penser et y dire ; s'il évolue, c'est lentement. Toutes les entreprises voudraient aujourd'hui être souples et évolutives, pour pouvoir parer aux risques que comporte une économie instable et violente : mais elles ne pourront y parvenir que si elles s'appliquent à maîtriser leur référentiel, à organiser leur administration des données.

Si les concepts délimitent ce que l'entreprise peut percevoir, la définition des processus délimite ce qu'elle peut faire ; dans l'entreprise, les modèles sont non pas explicatifs mais pratiques ; la modélisation du processus est l'étape essentielle de la maîtrise de l'action. Les processus sont désormais, tout comme les concepts, gravés dans le SI qui les élucide et les outille (voir « Optimiser ou élucider les processus » et « A propos du Workflow »).

Le langage de l'individu n'est pas purement conceptuel : au découpage précis des concepts s'ajoutent la symbolique et les connotations dont est porteur le langage naturel (voir « Concept, processus et symbole »). L'informatique de communication permet au SI d'équiper la communication en langage naturel, et de véhiculer les commentaires nécessaires à la compréhension des concepts et des données.

Dans l'entreprise, la réflexion sur l'action, les concepts et les processus se concrétise enfin par la démarche dite d'urbanisation.

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Urbanisation, modélisation des processus, référentiel et administration des données : telles sont les composantes qui, dans l'entreprises, sont l'équivalent de la réflexion, la construction des modèles et l'élaboration des concepts chez l'individu. La qualité des concepts est soumise pour l'un comme pour l'autre au critère de pertinence ; la qualité des modèles, à celui d'efficacité ; l'ensemble doit servir l'action.

L'articulation de l'action et de la pensée peut, dans l'entreprise comme dans l'individu, être altérée par des pathologies : il arrive que la complication du fonctionnement quotidien, ou encore les jeux de pouvoir, fassent perdre de vue les finalités de l'entreprise. Alors celle-ci se bureaucratise. Le SI porte la trace de ces pathologies, et c'est en l'examinant que l'on peut porter le diagnostic le plus sûr.