Repères essentiels pour la MOA

Le séminaire 2002 du club des maîtres d’ouvrage a pour thème « les compétences de la maîtrise d’ouvrage » : nous devons définir ce qu’un maître d’ouvrage doit connaître ou savoir faire pour remplir sa mission.

Cette question est simple à formuler, mais il n’est pas facile de lui répondre. Les maîtrises d’ouvrage sont récentes. Le vocabulaire de la profession n’est pas stabilisé, l’organisation varie d’une entreprise à l’autre. Si l’ère des conflits de pouvoir entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre est révolue, la délimitation de leurs responsabilités n’est pas toujours claire.

A l’intérieur de la maîtrise d’ouvrage on distingue plusieurs rôles qui supposent des compétences diverses. Ni le patron d’un métier, celui qui prend en définitive les décisions, ni l’utilisateur ne sont des experts en système d’information. Il faut qu’ils soient assistés par des experts : c’est à ces derniers que nous pensons aujourd’hui.

L’expert de la maîtrise d’ouvrage doit d'abord être capable de modéliser le métier pour préciser ce que le SI doit faire. Puis il doit être pour le maître d’œuvre un "bon client", un client compétent.

Pour introduire ce séminaire je propose un découpage du système d’information, de l’organisation, des fonctions et des rôles ; les définitions que j'utilise sont discutables, mais elles permettent de classer les notions essentielles. Il sera utile de rappeler ce que l’on entend par « maîtrise d’ouvrage » et « maîtrise d’œuvre », ce qui implique de donner un sens précis aux termes « ouvrage » et « œuvre ».

La description des couches du SI a permis d’entrevoir la diversité des compétences que la conception d’un système d’information demande. Pour réunir ces compétences les entreprises ont mis en place, non sans difficultés, une organisation bipolaire. Les deux pôles ont été baptisés, selon un vocabulaire provenant de l’industrie et du BTP, « maîtrise d’ouvrage » et « maîtrise d’œuvre » expressions que l’on résume par les acronymes « MOA » et « MOE »[3].

Cette organisation condense les leçons d’une longue expérience : les professionnels du BTP disent qu’il y avait déjà des MOA et des MOE lorsque les Pharaons ont fait construire les pyramides.

3) Articulation des fonctions

A l’intérieur de chacune des deux personnes morales que sont la MOA et la MOE, les responsabilités sont réparties entre des personnes physiques (des individus) remplissant chacune une fonction précise.

Attention ! ni le vocabulaire ni l’organisation ne sont stabilisés : ils varient d’une entreprise à l’autre.

Nous utilisons ici les dénominations retenues par certaines entreprises. Cependant une même dénomination peut recevoir un sens différent selon l’entreprise.

4) Partage des rôles

Les divers travaux nécessaires pour faire progresser un SI sont partagés entre la MOA et la MOE ; nous allons ici décrire les rôles respectifs de chacune des entités.

5) Défis des systèmes d'information aujourd'hui

Le tour d’horizon qui précède va nous permettre de décrire, dans les grandes lignes, ce que doit être la compétence d’un maître d’ouvrage. Nous pensons ici surtout au MOAD, mais aussi au MOAO.

Le MOAD est placé au point de contact entre deux mondes : le monde du métier, avec sa première ligne, son back office, ses clients, ses produits, ses implantations sur le terrain etc. ; le monde de l’informatique, avec ses ordinateurs, ses réseaux, ses logiciels. Il doit articuler aussi efficacement que possible l’utilisateur (l’être humain organisé), et l’ordinateur (l’automate programmable en réseau), de sorte que chacun fasse ce qu’il sait faire le mieux : à l’être humain la compréhension, la synthèse, l’explication, la décision ; à l’ordinateur le classement, le tri, les traitements automatiques.

[3] On dit « la MOA » pour désigner la maîtrise d’ouvrage, « le MOA » pour désigner le maître d’ouvrage, et de même « la MOE » et « le MOE ». « La MOA » et « le MOA » sont deux expressions à peu près synonymes : la première désigne l’entité elle-même, la deuxième désigne cette entité considérée comme un acteur.