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Complexité et complication

15 juin 2002

 
"Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l'est pas est inutilisable." 
Paul Valéry (1871-1945), Mauvaises pensées et autres, 1942
in Oeuvres, Tome II, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade 1960, p. 864

Tout objet du monde réel est « complexe » en ce sens qu’aucune description de cet objet ne peut être complète

Tout modèle, même subtil, est « simple » en ce sens qu’il repose sur un nombre fini de concepts et de relations fonctionnelles. 

De l’opposition entre la complexité du réel et la simplicité de la pensée résulte qu’il est toujours possible de révoquer un modèle en doute en objectant : « Ce n’est pas si simple ! » Celui qui construit un système d’information entend souvent cette phrase. Or celle-ci est vide de sens : elle s’applique à tout modèle, fût-il excellent.

Il faut au contraire assumer de façon positive la simplicité de la pensée. Cette simplicité est un bras de levier pour l’action. La qualité pratique d'un modèle s’évalue non selon son réalisme, idéal impossible, mais selon son adéquation à l’action. Simplicité n’est pas simplisme : un modèle de bonne qualité sera souvent subtil et sa lecture demandera un effort. La qualité du modèle s’évaluera par son rendement mesuré selon un ratio du type « apport en connaissance / effort de lecture ».

Les personnes que la simplicité de la pensée fait souffrir préfèrent que le modèle cache sa simplicité sous des complications dont le rendement est faible. Pour obéir à l'esthétique de ces personnes,  la complication s’efforce de simuler la complexité. Ainsi satisfaites, elles ne se soucieront pas de comprendre le modèle qui d’ailleurs sera devenu incompréhensible.

Ceux qui refusent la simplicité se détournent de l’un des apports les plus précieux de la pensée : la sélection que celle-ci opère, parmi la multiplicité indéfinie des phénomènes, en vue de l’action efficace. Ils compromettent la pertinence du système d’information. La complication du modèle rend en pratique impossible sa validation authentique ; en outre, elle risque de cacher des incohérences.

Il faut restaurer dans les entreprises le goût de la sobriété. Celle-ci peut satisfaire la sensibilité esthétique autrement et mieux que ne le fait la complication : il devrait donc être possible de la mettre à la mode. 

Le système d'information, langage de l'entreprise, a pour but essentiel d'élucider celle-ci. Il soulage l'effort mental des acteurs par l'automatisation des traitements ; il leur fait partager une représentation claire de l'entreprise, de ses produits et procédures. Le présent article s'adresse à ceux (experts, ingénieurs, dirigeants) qui s’efforcent de comprendre le rôle du système d'information, s'interrogent sur ses pathologies et cherchent les moyens d'y remédier. 

Une telle étude pose des questions philosophiques que ne peut pas percevoir celui qui s'en tient à la trivialité du « business is business » ou qui reste emprisonné par la sociologie étroite d’une corporation, aussi estimable soit-elle.

1) Complexité et réalité

2) Simplicité de la pensée

3) La rencontre expérimentale

4) Les embarras de la complication
    4.1) La complication, simulacre de la complexité
    4.2) Exemple 1 : système d'information
    4.3) Exemple 2 : modélisation économique
 
5) Sortir de l'embarras
    5.1) "Complexité" en informatique
    5.2) A propos du modèle en couches
    5.3) Petit résumé du théorème de Gödel

Bibliographie