Nous
avons pris l’habitude d’associer au mot « informatique » une
connotation purement technique : il désigne la plate-forme des mémoires,
processeurs, réseaux et logiciels. Nous appelons « informaticiens »
les spécialistes qui gèrent cette plate-forme. Top souvent l'entreprise les
considère comme des « techniciens » enfermés dans leur
« technique » et dont elle déplore « l’autisme ». Pour désigner le côté sémantique,
le référentiel, les « fonctionnalités » fournies aux
utilisateurs, nous disons « système d’information ».
Certes
il est vain de s’insurger contre l’usage une fois qu’il s’est bien
installé. Je voudrais cependant dire pourquoi cet usage me semble non
pertinent et comment j’en suis venu – à ma grande surprise, je l’avoue
– à réévaluer le mot « informatique ».
Critique du concept de « système
d’information »
Le
concept de « système d’information » est apparu dans les années
70 lorsque l’on a cherché à surmonter les inconvénients qui résultaient de
la superposition non coordonnée d’applications différentes [1].
Selon la théorie qui a prévalu, une organisation complexe doit être analysée
en distinguant son utilisation des langages (système d'information), ses règles
de conduite et de comportement (système de décision) et les procédés qu'elle
met en oeuvre (système de production). Les trois systèmes possèdent chacun sa
propre structure et communiquent entre eux :
Cette
théorie a permis de mettre de l’ordre dans les applications informatiques en
les articulant toutes à un même référentiel et en organisant les échanges
entre leurs bases de données (mise en ordre qui est d’ailleurs loin d’être
achevée dans les entreprises).
Mais
elle ne rend pas compte de la situation présente. D’une part,
l’informatique équipe maintenant la partie automatique des processus de
production et de gestion et s’articule ainsi de façon étroite avec le
travail humain : elle est « près du corps » dans toutes les
activités de l’entreprise (voir « Évolution
du rôle du SI : du concept au processus ») ; d’autre
part, l’introduction de l’informatique
de communication, puis son articulation avec l’informatique structurée, ont
encore resserré la relation entre l'informatique et l’organisation. Désormais, comme le dit
Yves Tabourier, « on ne peut ni changer l'organisation d'une entreprise
sans changer son système d'information, ni changer son système d'information
sans changer son organisation ».
L’urbanisation
Il
était commode de modéliser séparément les trois domaines « production »,
« décision » et « information » car il est impossible
de modéliser quoique ce soit en supposant que « tout est dans tout et
réciproquement » : tout modèle s'appuie sur le découpage de l'entité
considérée en entités plus petites dont il considère les relations.
Mais comme aujourd'hui l'on ne peut plus penser l'organisation séparément du système
d'information, il nous faut utiliser un autre découpage que celui qui les séparait.
L’« urbanisation
du système d’information » a fourni une première réponse :
elle découpe dans l’entreprise des « domaines de production de valeur »
dont les contours sont généralement proches de (mais non identiques à) ceux des directions ; elle
identifie les processus à l’œuvre dans ou entre ces domaines, puis les
activités qui concourent à ces processus, enfin les tâches que doit remplir
l’automate pour assister efficacement les agents chargés de ces activités (aides à la
saisie, au traitement, au classement, à la consultation, à la communication).
La
frontière ne passe plus alors entre « production », « décision »
et « information », mais entre divers domaines de l'entreprise, chargés
chacun d’une création de valeur spécifique et faiblement couplés entre eux
(mais couplés quand même : les échanges entre domaines sont l’un des
points délicats de l'urbanisation). A l’intérieur de chaque domaine, et même
de chaque processus, on retrouve les trois pôles du découpage précédent : la production
(rôle opérationnel du processus) et la décision (gestion et animation
du processus) toutes deux entrelacées à l’information.
Le
découpage des domaines et des processus par l'urbaniste comporte, comme tout
découpage, une part d’arbitraire : il est difficile de définir un découpage
optimal. S’agissant d’une tâche pratique, la recherche d’un optimum
serait sans doute superflue : l’examen de l’entreprise[2]
fait apparaître l’enchaînement des activités et la solidarité des
processus ; les frontières des directions donnent des indications précieuses[3]
et, à quelques détails près, des urbanistes différents aboutiraient au même découpage.
L'urbanisme
nous fournit donc une nouvelle articulation : celle des domaines, processus et
activités. Cependant, et fondamentalement, la démarche urbanistique met en scène une
autre articulation, plus profonde : celle qui met en relation les êtres
humains et l’automate, celle qui définit l’assistance que celui-ci apporte
à ceux-là.
L’EHO et l’APU
Comment
distinguer
en effet, dans chaque processus, les tâches qu’il convient de confier à
l’automate, et celles qu’il faut réserver à l’être humain ? où
placer la frontière de l’automatisation ? « The
question “What can be automated?” is one of the most inspiring philosophical
and practical questions of contemporary civilization » (George
Forsythe, « Computer science and education », in Information
processing 68, North-Holland 1969, p. 92)
Quand
l’informatique outille une usine automatisée, c’est l’ensemble de
l’usine qui constitue l’automate ; mais lorsqu'elle outille un
processus ou interviennent des êtres humains, il faut la définir de telle
sorte que le couple que constituent l’automate et l’être humain soit
globalement efficace, ce qui suppose (a) que chacune des parties puisse délivrer
sa propre valeur ajoutée, (b) que l’articulation des deux valeurs ajoutées dégage
une synergie.
Comment
désigner les deux parties qui s’articulent ainsi ? L’être humain que
nous considérons ici n’est pas la personne dans son individualité ineffable,
mais la personne au travail, insérée dans l’entreprise où elle exprime sa
compétence et la conjugue à d’autres selon les canaux de l’organisation :
il s’agit donc de l’« être humain organisé », EHO, constitué
d’un ensemble de professionnels qui coopèrent.
D’autre
part, l’automate auquel l’EHO s’articule est essentiellement programmable
(i. e. il est potentiellement apte à faire tout ce qu'un programme peut
prescrire) et le réseau lui confère l’ubiquité (i. e. les services
qu'il rend sont indépendants de la localisation géographique de l'utilisateur
: il se situe donc dans un espace purement logique) : c’est l'« automate
programmable doué d’ubiquité », APU.
Quelles
sont les valeurs ajoutées que sont susceptibles d’apporter l’APU d’une
part, l’EHO de l’autre ? l’APU conjugue la fidélité de la mémoire,
la puissance du traitement, une patience et une obéissance illimitée pour peu
qu’on lui ait donné des instructions parfaitement explicites. Sa tâche sera donc
de classer, retrouver, transcrire, calculer, recopier, transmettre. Les tâches
répétitives fatiguent par contre l’EHO, mais il est supérieur à l’APU
quand il s’agit de comprendre, expliquer, décider et concevoir :
contrairement à l'APU, il est
capable d’interpréter une information incomplète ou suggestive[4].
L’articulation
entre l’EHO et l’APU peut dégager une synergie si chacun se consacre à la tâche
qu’il fait le mieux et si les interfaces qui les relient sont
correctement définies. La définition de leur articulation requiert une analyse
des conditions d’exécution du processus : l'efficacité résultera d'une
automatisation « raisonnable » (voir « Éloge
du semi-désordre »).
Cette
efficacité représente un enjeu important pour notre économie et notre
société, comme l'indique le calcul sommaire ci-dessous :
|
Début des
années 80 |
Début des
années 90 |
Début des
années 2000 |
(1) : Part du tertiaire dans l'emploi |
55 % |
65 % |
75 % |
(2) : % des salariés tertiaires utilisant
l'informatique |
< 10 % |
30 à 40 % |
70 % |
(3) : Nombre moyen d'applications
utilisées |
3 à 5 |
10 à 30 |
plus de 100 |
(4) : % du temps de travail passé sur
ordinateur dans le tertiaire |
10 à 20 % |
30 à 40 % |
55 à 70 % |
(5) = (2)*(4) : % de la masse salariale du
tertiaire affecté à l'informatique |
1 à 2 % |
10 à 15 % |
40 à 50 % |
(6) = (1)*(5) : % de la masse salariale
totale affecté à l'informatique |
1 % |
7 à 10 % |
30 à 40 % |
(Sources : lignes 2, 3 et 4 : Acadys, www.acadys.com
; ligne 1 : e-conomie,
chapitre III, p. 37).
Une part importante (et rapidement croissante) du
temps de travail des salariés est consacrée à l'utilisation de
l'informatique. La qualité de l'APU, et surtout celle de son appropriation par
l'EHO, sont donc devenues des enjeux essentiels pour les entreprises, même si elles n'ont pas
encore perçu toutes les conséquences de ce phénomène.
Réévaluer le concept d'« informatique »
Philippe
Dreyfus, créateur du mot « informatique »[5], a
fusionné dans ce néologisme les mots « information » et « automatique »
(cf. « Vocabulaire de l’informatique »).
Si
l’on se libère des habitudes, et si l’on revient au sens originel des mots
en obéissant à l’étymologie, on constate que ce mot est
porteur d’un potentiel sémantique plus puissant que celui, purement
technique, auquel on l'a cantonné.
Pour comprendre cela il faut d’abord restaurer le mot « information ».
Nous le galvaudons dans des expressions comme « les informations de 20
heures » ou même, dans le milieu des ingénieurs, « théorie
de l’information » de Shannon[6].
Si l’on revient à l'étymologie, une « information », c'est quelque chose qui modifie
ou complète la forme de votre représentation du monde, qui donc vous forme
intérieurement, vous in-forme[7].
L'information ainsi conçue suscite une action de la part de celui qui la reçoit
ou tout au moins modifie (trans-forme) les conditions de son action future. Pour
pouvoir recevoir de l’information, il faut avoir été formé ; et
c’est en recevant de l’information que l’on se forme. Certes il faut une
amorce pour lancer ce cycle : elle est enfouie dans les origines de la personne comme l'amorce du cycle de la poule et de l'œuf est enfouie dans les origines
de la vie.
Dans
l’usage courant, où la négligence est fréquente, les termes « donnée »
et « information » sont souvent des synonymes[8]. Mais si l’on s’efforce d’être précis on voit
que la donnée ne devient une information que quand elle est reçue
par un être humain qui l’interprète, à l’instar de la gouttelette d’eau
en surfusion qui ne peut devenir de la glace qu’au contact d’un solide.
L’interprétation des données n’a rien d’immédiat : les tableaux de
nombres et les graphiques restent muets s’ils ne sont pas accompagnés d’un
commentaire en langage naturel (voir « La
publication statistique »).
Si
Philippe Dreyfus avait voulu désigner le traitement automatique des données,
il aurait créé « datamatique ». En créant « informatique »,
il nous a fourni un mot dont l’étymologie convient pour désigner
l’articulation entre l’EHO et l’APU.
Enjeux théoriques et pratiques
Nommer
un concept n’est pas une opération neutre : le mot signale le concept à
l’attention de celui qui réfléchit et il en fait un vecteur d’échange.
En nommant l’articulation de l’être humain et de l’automate, nous
la signalons : nous en faisons à la fois un phénomène, un sujet de préoccupation
et un objectif.
Le
phénomène a bien sûr existé dès que les entreprises ont utilisé des
ordinateurs, mais il n’a été immédiatement ni reconnu ni donc pensé. Les
recherches, dans la ligne des réflexions de Turing[9],
se sont d’abord focalisées sur l’intelligence de l’ordinateur, en
postulant une identité de nature entre l’ordinateur et le cerveau humain[10].
Cela rendait impossible de penser leur relation : comment pourrait-on
articuler l'identique avec lui-même ?
Il
est naturel que la première exploration se soit engagée sur cette
piste, selon la règle qui veut que tout inventeur voie dans sa découverte la
clé du monde lui-même. Elle fut d’ailleurs féconde car la métaphore biologique a aidé
à concevoir les fonctions de l’ordinateur. Il était par ailleurs nécessaire, dans les années 50, de combattre la position soi-disant « humaniste
», en fait sentimentale, de ceux qui prétendaient « défendre l'homme »
en ignorant l'automate. Il aurait fallu, pour s'affranchir de ce
sentimentalisme, fonder l'humanisme en raison
; dans l'attente d'une telle démarche, l'agacement que provoquaient les « bons
sentiments » (ou une foi religieuse invoquée à tort et à travers) a poussé
des esprits fermes et courageux à s'engager dans une impasse.
Dès 1957
cependant von Neumann avait compris qu’il était pertinent de postuler non pas l’identité du cerveau et
de l’automate, mais leur différence et leur articulation[11].
Sa mort précoce l’empêcha de donner à cette conception nouvelle, à
laquelle il attribuait la plus grande importance, l’écho qu’elle méritait.
Au
plan théorique, la réflexion sur l’articulation entre l’EHO et l’APU
incite à explorer leurs propriétés, chacun servant de complément et de
miroir à l’autre. La rigueur conceptuelle explicite que demandent les bases
de données et les référentiels, la diffusion des commentaires que permet la
documentation électronique, les outils de classement et de recherche qui
accompagnent la messagerie, la gestion de la qualité permise par les workflows,
l'articulation de la parole et du système d'information à travers les centres
d'appel etc. modifient en effet les conditions collectives de la mise en œuvre
des facultés intellectuelles tout comme, en d’autres temps, le firent l’écriture,
la lecture, puis l’imprimerie. La pleine compréhension de ces phénomènes,
de leurs conséquences et implications, demande des recherches qui sont à peine
entamées.
L’automate
est d'ailleurs pour le cerveau un
utile complément. Citons Abelson et Sussman : « In
mathematics we are usually concerned with declarative (what is) descriptions,
whereas in computer science we are usually concerned with imperative (how to)
descriptions ».
Le raisonnement mathématique
peut donc être assisté par l’automate qui assume le rôle de calculateur, explore
des simulations, permet d’établir des démonstrations
où le nombre de configurations à considérer est élevé comme pour le
théorème des quatre couleurs.
Bien plus : le recours au modèle de l’automate a permis d’établir des
résultats de métamathématique comme le théorème
de Gödel, alors que par ailleurs la pédagogie des mathématiques a dû
corriger les excès de formalisme suscités par une confusion entre le cerveau
humain et l'automate.
Au
plan pratique, l’accent mis sur l’articulation entre l’EHO et l’APU, la
restauration du mot « informatique », conduisent à modifier le
regard porté sur le « système d’information » et sa relation
avec la technique informatique. On a souvent focalisé l’attention sur le
« développement » de « produits informatiques » ou sur
l’« implémentation » des « progiciels » au détriment
de la compréhension des processus de l’entreprise et de
l’assistance que l’ordinateur peut leur apporter[15].
On a souvent fait de l’« informatique » un corps étranger dont la greffe
sur l'entreprise a un caractère artificiel et suscite le rejet.
Les progrès en cours (urbanisation, modélisation,
langage
UML etc.) militent tous pour que l’on place enfin cette articulation au cœur
de la réflexion.
Par
ailleurs, l’appropriation de l’automate par l’être humain soulève de
multiples questions de savoir-faire et de savoir-vivre : en témoignent
le foisonnement des spécialités dans la profession des informaticiens, mais
aussi les questions que pose le bon usage de l’automate et que s'efforce de résoudre la « netiquette » : comment utiliser
convenablement la messagerie ?
un serveur Web ? un système
d’aide à la décision ? comment mettre en place un référentiel ?
etc.
La
relation entre l'EHO et l'APU est illustrée par la différence
entre le langage naturel et le langage conceptuel. Le langage naturel est enrichi de connotations qui facilitent son
interprétation au prix d'une certaine imprécision. Par contre le langage conceptuel des
mathématiques, de la science ou de la technique, est dépourvu de connotations,
ce qui le rend parfois difficile à comprendre. Lorsque ce langage est utilisé
par des êtres humains, ceux-ci se permettent, comme le dit Bourbaki, des
« abus de langage » qui allègent certains développements. Un programme informatique, tout comme le plan d'une
machine ou d'un immeuble, doit par contre être parfaitement et entièrement explicite : il
ne tolère aucun
« abus de langage ».
Les missions de
l’informatique dans l’entreprise se sont élargies à la façon d’un
fleuve qui parvient à son delta : en s’assimilant les réseaux,
l’informatique s’est dotée de l’ubiquité ; en absorbant la
bureautique communicante, elle s’est assimilé les textes en langage naturel,
les commentaires qui enrichissent l’interprétation des données structurées ;
en équipant non seulement les grandes fonctions administratives mais
l’ensemble des processus de travail, elle a généralisé dans l’entreprise
le travail assisté par ordinateur. Cette extension a été permise par la
baisse du coût de l’informatique ainsi que par la diversification des
logiciels. Si, en 1962, le mot « informatique » recouvrait dans les
entreprises une réalité essentiellement technique et d’ailleurs assez pauvre,
il peut aujourd’hui revendiquer toute la profondeur de son étymologie.
Cette extension, nous la devons
aux informaticiens ; et pourtant elle s’est parfois faite contre eux :
ni les réseaux, ni la bureautique, ni l’extension de l'informatique aux
processus de travail n’ont été vraiment les bienvenus dans cette corporation.
C’est que la population des informaticiens est composite. La sociologie des
chercheurs, des concepteurs, des pionniers, n’est pas la même que celle des
techniciens qui tendent à constituer une corporation, soucieuse comme toute
corporation de la défense de ses avantages acquis, et donc
conservatrice, ni que celle des bureaucrates qui, amateurs de pouvoir, sont
habiles à se l’approprier (on ne saurait d’ailleurs classer les personnes
selon les frontières de ces trois sociologies : une même personne peut,
de façon logiquement incohérente mais très humaine, se comporter tantôt en
hardi pionnier, tantôt en suppôt frileux de la corporation, tantôt en homme
de pouvoir).
Ainsi
l’informatique est aujourd'hui située à un nœud de complexité : son
image technicienne et autiste ne correspond plus à la réalité. Si les
dirigeants lui reconnaissent un caractère stratégique, ils sont loin d’en
tirer les conclusions pratiques. Elle a pénétré toutes les activités
de l’entreprise dont elle est à la fois l’appareil sensoriel et le système
nerveux. Ses réalisations s’empilent comme des couches géologiques
correspondant chacune à une phase de son évolution. Sa sociologie, elle
aussi forgée au cours de l’évolution, conjugue des traits parfois opposés.
Une telle diversité engendre la confusion des idées, des images, des
habitudes. Pour échapper à cette confusion il faut trancher le nœud gordien
en revenant à une définition claire et simple.
Vers une révision du vocabulaire ?
Si
nous étions assez souples pour réviser notre vocabulaire, nous abandonnerions
immédiatement l’expression « système d’information » et la remplacerions par « informatique », en conférant à ce mot le sens
que je viens de décrire. Ce que nous appelons aujourd’hui « informatique »,
nous l’appellerions désormais « plate-forme technique de
l’informatique » ou « technique de l’informatique » tout
court.
Cette
évolution du langage est peu vraisemblable tant l’usage est impérieux. Je
peux cependant évoquer ici ma propre expérience. Lorsque j’ai tenté de
trouver un terme pour désigner l’articulation de l’EHO et de l’APU,
j’ai été un peu contrarié de retrouver le mot « informatique »
: il se présentait à mon imagination avec toutes
ses connotations techniciennes. Mais lorsque je les ai nettoyées pour restaurer
son sens étymologique j’ai découvert (non sans étonnement) sa puissance sémantique.
Ce mot magnifique est riche de potentialités négligées. Il est apte à désigner
cette articulation de l’être humain et de l’automate qui sera,
durant les décennies qui viennent, le grand enjeu pour nos entreprises, voire pour
notre civilisation - comme le furent, et le sont encore, son articulation avec l'écriture,
ou le moteur, ou la chimie.
J’utilise
bien sûr l’expression « système d’information » lorsque je
parle avec d’autres personnes – où que l’on se trouve, on doit parler la
langue des indigènes ! – mais dans mon langage intérieur le rayonnement
d'« informatique » s'est imposé. Peut-être, après tout,
en sera-t-il de même pour les lecteurs de la présente fiche. Puis la dissémination
pourra faire son œuvre !
(Cette
fiche a suscité des
commentaires).
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